C’était un bon job d’été. Antoine avait toujours aimé se balader près des marais et humer l’odeur du sel. Ça piquait les narines, asséchait la langue. Craquelait la peau, oui. Mais le bruit régulier des râteaux à la surface de l’eau offrait un murmure rassurant. Sa mère était tombée sur l’annonce, en préparant les vacances. Cicérone. Quoi ? Ci-cé-rone. La flemme. L’adolescent n’avait pas vraiment envie de travailler. Pour quoi faire ? avait-il lancé. La curiosité l’avait emporté sur l’agacement. Il passait maintenant ses journées avec des touristes intrigués et toussotant. Pas méchants. Cet après-midi là, il assista avec huit paires d’yeux ébahis à une scène inhabituelle. Un paludier avait glissé dans le marais et était secouru par deux collègues ; l’un agitant le bout de son râteau, l’autre les mains sur la tête ânonnant des “Aie aie aie”. La petite troupe avait immédiatement dégainé les smartphones, et les marais d’Antoine gagnèrent de nombreux touristes. 

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