Ne pas déranger !

Là-bas, bien loin d’ici, dans l’épaisseur de l’ombre, accroché sur sa branche, la tête en l’air, un paresseux mâchonne lentement, consciencieusement, scrupuleusement. Pas un souffle de vent. Les feuilles restent immobiles dans la ramure. Le paresseux aussi. Repas juste à portée de pattes. Art de vivre dans l’immobilité, non-activité congénitale, jouissance de tous les instants entrecoupée de siestes réparatrices après cet effort de gymnastique des mandibules. Rien ne presse. Doux engourdissement progressif des membre. Petits cris soupirs : ‘’aï-aï’’. Narcolepsie bienfaitrice. Le reste de la terre peut s’agiter dans tous les sens, l’acrobate immobile se vautre à l’infini dans l’extase que lui suggère la paresse. Obéissance passive millénaire. Qu’un papillon vienne à troubler ces instants : qu’importe ! Il ouvrira lentement ses petits yeux pour évaluer le gêneur, avancera de quelques centimètres : séquence au ralenti suivie d’un arrêt sur image illustrant son mécontentement. Bande-son silencieuse. Puis il replongera dans un sommeil profond. On ne dérange pas un paresseux dans ses activités …

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