Le canal envasé glissait dans la pénombre
« Jusqu’au fond où son flux s’allait perdre dans l’ombre »,
Repaire de ces rats hostiles et menaçants
Qui couraient et couinaient sur un sol glissant.
Des miasmes écœurants s’élevaient des trous d’eau,
La poisseuse chaleur me collait à la peau.
Je restais subjuguée par la laideur sublime
Propice à l’expression de la pensée intime.
Les vipères ondulaient dans l’eau sombre et profonde,
Faisant frémir les herbes en surface de l’onde
Un merle attardé lançait son chant joyeux
Pour troubler un instant la tristesse des lieux.
Un rat immobile me regardait œuvrer
Ses petits yeux brillants fixaient de mon coté.
Il fallait cependant croquer ce paysage
Je sentais, malgré moi, un dangereux présage.
La lourdeur de l’air était irrespirable
Mon dessin décrivait ce malaise palpable.
J’accentuais les ombres, frénétiquement,
Mon esprit absorbé perdait notion du temps.
Je soulignais encore un détail oublié,
Traçais la silhouette d’un arbre blessé.
Puis je levais les yeux, des dizaines de rats
Grouillaient dans l’herbe haute et s’approchaient de moi.
Un dégoût m’envahit, je restais là, muette
je m’enfuis prestement, les laissant à leur fête.