Qui suis-je ? avez-vous déjà imaginé qu’une bougie puisse être victime d’une crise existentielle profonde ? Cet objet simple, utile et désuet à la fois, n’est pas censé se poser trop de questions me direz-vous, et pourtant…
Je suis pour ma part une bougie qu’on appelle d’intérieure, senteur florale, élément de décoration et de relaxation. Mes propriétaires actuels m’utilisent dans certains moments propices, souvent à deux, et je suis parfois la témoin de scènes langoureuses et tendres ou de dîners romantiques et j’aime ça, même si à chaque utilisation un sentiment ambivalent me saisit, partagé entre la joie d’illuminer leur vie et l’angoisse de la mort qui se rapproche dès que ma mèche se consume. J’ai déjà vu plusieurs collègues partir, et j’ai conscience d’être bien mieux lotie que mes sœurs, bougies d’anniversaires dont l’espérance de vie n’est en rien proportionnelle à la joie qu’elle procure…
Mais cette peur me taraude et j’apprécie de moins en moins voir s’approcher l’allumette et ce encore plus depuis que j’ai appris cette terrible nouvelle, une amie ayant brûlé une maison entière en tombant d’une table… Ce pouvoir que nous avons d’embellir des vies et de les détruire en quelques minutes, cela me pèse et j’aspire à me reposer dans un placard, que ma cire s’empoussière et qu’on m’oublie… Mieux vaut une existence ennuyeuse et longue qu’incandescente… peut-être…
Bravo ! Belle réussite pour un premier algodéfi ! Bienvenue parmi nous !
Bravo, à cette pauvre bougie prise entre cire et patine !
“Mieux vaut une existence ennuyeuse et longue qu’incandescente… peut-être…” Pauvre bougie. Sur ma petite planète, c’est beaucoup plus simple : il n’y a pas de temporalité. Il suffit de se laisser vivre dans l’instant présent. “Carpe diem” je crois, que vous appelez ça…
Bonjour Marie. J’aime votre texte. J’ai envie de souffler à cette petite bougie ” à quoi ça sert de donner du temps à la vie si on ne donne pas de la vie au temps”. (Professeur Laurent Lanthieri).
J’aime beaucoup l’histoire de cette bougie !
Beau texte !
A mon sens, rien ne vaut l’incandescence, dans la mesure où l’on s’exerce à en user pour illuminer la vie de son prochain.
A mettre en lien avec la “Flamme d’une chandelle” du regretté G. Bachelard, dans un autre contexte il est vrai.
Elle fait de la peine cette bougie avec tous ces questionnements. Mais peut-être lui “souffler” doucement pour éviter que sa flamme ne s’éteigne, qu’elle aura plus de satisfaction à partager sa lumière que de vivre dans l’ombre.