L’immense navire s’est brisé, ce qui devait depuis longtemps arriver, et ce n’est pas le premier. Espérons encore une fois que ce soit le dernier.
L’odeur âcre du pétrole plane sur le pays tout entier et donne la nausée.
Nos précieux sables blancs semblent calcinés et les algues nourricières sont toutes engluées.
J’ai treize ans et je sens monter en moi une colère que rien ne peut réfréner. Une rage d’impuissance et d’injustice intimement mêlée à une brutale prise de conscience de vivre dans un monde d’aliénés.
Notre terre est lasse d’être ainsi souillée.
Les oiseaux de mer suffoquent par milliers et périssent ainsi pitoyablement, un à un, dans un ultime spasme déséspéré, sans que nous puissions les sauver.
Mes amies les vagues ne chantent plus. Elles sont en deuil et ne peuvent pas apaiser l’horreur qui m’étreint.
Je ne peux plus me baigner et j’ai envie de hurler.
Très beau texte. Enthousiasmant. Militant ? “…ce qui devait depuis longtemps arriver…”, autrement dit : ce que tous (chacun d’entre nous) savaient déjà ? (et n’ont rien fait pour l’empêcher ?)…
“… Espérons encore une fois que ce soit le dernier…” : “Inch Allah “…? (…)
Très beau texte, enflammé, qui décrit bien les conséquences observées mais qui me laisse un peu frustré (seulement une vindicte, aucune analyse, aucune proposition de solution…)… Mais bon, la frustration et moi sommes vieux compagnons…
Tout cela est évidemment très compliqué et je n’ai pas davantage de solutions à proposer. S’indigner, comme vous le faites, c’est déjà agir. Merci de le faire ici, sur l’Algo.
Non, @Guillaume du Vabre ( @algo ), pas de fatalité, nous savions que les navires en question battaient pavillon de “complaisance” et étaient pourris mais autorisés à naviguer et à nous polluer.
J’aurais pu épiloguer, m’aventurer plus loin mais je voulais avant tout évoquer… Disons… Une brutale sortie du monde un peu douillet (c’est tout relatif en ce qui me concerne) de l’enfance…
Mais merci pour ce commentaire.
En fait, @Guillaume du Vabre ( @algo ), oui, je suis tout-à-fait d’accord avec vous.
Et puis Ma Pie a réagi et le granit rose de Ploumanac’h était bien touché, lui aussi. Il n’en restait pas grand chose.
je me souviens si bien… J’étais alors à Ploumanach. Mon rapport à la mer a changé à ce moment là.
le silence,
celui des tempêtes , c’est celui d’après
celui des marrées noires, c’est celui du pendant.
ce dernier, en bord de plage est une blessure sourde, je l’avais oubliée ..
j’ai mis du temps à retourner en sur la grève, la mer y est si bavarde d’ordinaire .
” Mes amies les vagues ne chantent plus. Elles sont en deuil et ne peuvent pas apaiser l’horreur qui m’étreint. ”
j’aime beaucoup ..!
Tout y est. Les images de ce désastre et les émotions; tant celles de désolation que celles de colère. J’ai encore le souvenir des boulettes de pétrole, des serviettes noircies, des oiseaux et des poissons échoués sur le sable.
Et comme @Philippelettres, j’aime beaucoup cette phrase : Mes amies les vagues ne chantent plus. Elles sont en deuil et ne peuvent pas apaiser l’horreur qui m’étreint.
Merci @soph, je crois que ce désastre a marqué pour moi la sortie définitive de l’enfance, la perte d’une certaine “légèreté” et la prise de conscience de la réalité terrestre. Je garde encore dans mes narines l’odeur âcre du pétrole, les sacs remplis d’oiseaux mazoutés sur les quais de Lannion, cette glue noire qui tuait toute vie.