De l’épopée
Le pétrolier géant a perdu la boussole,
Il flotte, épave inerte, au gré des flots houleux.
Ses trois cent mille tonnes attirent les curieux,
Du phoque au cachalot, du dauphin à la sole,
Et tous de s’étonner qu’une si grosse bête
Ait pu être aussi bête et perdre son compas !
Ils aimeraient l’aider, la tirer du faux-pas,
Mais rien que d’y penser leur donne mal de tête.
Chacun rentre chez soi, raconte à la veillée
Cette triste épopée du Grand Géant des mers
Qui se noya un jour, aussi loin de sa mère
Que l’homme l’est parfois de Nature Première.
D’Ulysse à Erika, c’est toujours la dernière
Qui marquera l’Histoire au fer de Vérité.
Voilà un sonnet qui me touche au plus profond de mon âme de bretonne (mais ma conscience écologique, économique, politique et humaniste est bien sûr universelle). Je me souviens du hurlement de rage et de désespoir que j’avais piqué, seule à mon bureau (je travaillais sur une traduction) lorsque la nouvelle du naufrage de l’Erika est tombée.