Kamal, de Kaboul à Strasbourg
Des cris, du sang et le tonnerre
La peur, le feu, il pleut des pierres.
Au nom de cette guerre
Pour un dieu déclarée
Quand la foi devient fer
Les enfants sont armés
Et les mères amères
Pleurent leurs fils tombés.
Je ne vis pas sur terre
Je ne suis pas damné
Pour éprouver l’enfer.
Je veux mes pas guidés
Sur des chemins ouverts
Par les cieux éclairés.
Dans un pays sans guerre
Je vivrai désormais.
Dans cet adieu mes frères
Mon cœur se serre mais
Je pars vers la lumière
Que l’on nomme la paix.
A mes enfants offert
Le droit de ne rêver
Que de paisibles terres
Où je ne suis pas né
Mais que je serai fier
De leur avoir données
Demain je serai père
D’un fils aux yeux dorés
Ses rires et chimères
Me feront oublier.
Ecoutez ma prière
Je ne veux plus qu’aimer.
Strasbourg et ses lumières
Louent la Nativité
Sur la Place Kléber
J’arrive accompagné
Aujourd’hui plus qu’hier
L’amour est partagé.
Car tous mes nouveaux frères
Fêtent cet “enfant né”
Les cœurs à découvert
Ne cherchent qu’à donner.
Quand soudain tel l’éclair
Surgit le forcené.
Des cris du sang et le tonnerre
La peur, le feu, je suis à terre.
.
Réfugié afghan à Strasbourg, Kamal a été assassiné devant sa femme et ses enfants, le 11.12.2018 lors de l’attentat perpétré au Marché de Noël.
Merci pour ce beau et terrible texte qui résume si bien l’errance et la folie des humains.
Merci à vous, @Sklaera.
Kamal a fui son pays mais cela n’a pas suffi. Cette folie l’a rattrapé.
Oui, j’ai compris, c’est horrible. Je trouve que tout le monde et surtout les médias mélangent tout en ce moment et prennent fort peu en compte l’histoire et la responsabilité (qui devrait un jour enfin se reconnaître culpabilité) dans celle-ci, ce qui n’excuse en rien les actes de barbarie. J’ai exercé mon métier d’éducatrice quelques temps en CADA, cela m’a profondément marquée, sans parler de mes engagements associatifs et humanitaires de longue date.
J’aime beaucoup ce passage et votre texte en entier…
Je ne vis pas sur terre
Je ne suis pas damné
Pour éprouver l’enfer.
Je veux mes pas guidés
Sur des chemins ouverts
Par les cieux éclairés.
dire que nous sommes quotidiennement témoins de ces atrocités avec cette chute horrible et implacable telle que décrite dans votre texte .
Merci
En tant que strasbourgeoise ayant vécu en temps réel (sur les réseaux sociaux) les évènements de cette nuit atroce, en tant que thérapeute comptant alors parmi ses patients une petite fille afghane aux grands yeux clairs qui a perdu ce soir-là son tonton… j’ai été touchée de plein fouet par cet attentat et glacée par l’extraordinaire “malchance” de cet homme, rattrapé par ce qu’il avait fui, à savoir le fanatisme, dans un contexte où l’on s’y attend le moins.
Ce poème me tient donc beaucoup à coeur et je suis très touchée que vous l’ayez apprécié.
Merci @Mélina 💝