Je ne compte ni les jours ni les heures. L’horloge s’est arrêtée à 6h36. Avide de sommeil au petit matin, tu t’es endormie une dernière fois.

Sans peur ni crainte sauf celle de ne pas avoir fait ton devoir vis-à-vis d’Allah, je te chuchote à l’oreille de ne pas avoir peur. Tu n’as pas l’air effrayée et tu n’as pas besoin que je te le dise. C’est sûrement à moi que je le répète. Tes fils sont à tes côtés en larmes et il n’y a que moi qui te parle. J’occupe tout l’espace. Je t’embrasse et pose ma tête au creux de ton épaule froide. Je sens encore ton amour.

Je ne t’en veux pas de m’avoir laissée mais je crains de continuer sans toi.

Même éteinte, tu es belle, forte et prête à affronter la suite. Tu nous montres encore l’exemple. La voie à suivre. Tu acceptes sans broncher mes assauts enfantins pendant que mes frères observent tristes et circonspects. Je les comprends mais je refuse de te laisser tranquille.

J’y suis forcée car je sais que mes frères ne pourront pas s’approcher tant que je reste. Je t’assure que je reviendrai plus tard.

J’erre dans les couloirs en pleine agitation de blouses blanches auprès de malades qui ont une chance de guérir. Je suis jalouse car aucun des malades n’est vêtue d’une blouse noire. Toi, oui. Le noir t’allait si bien mais tu aurais détesté cette blouse mal coupée, qui ne te mettait pas en valeur. Je n’ai même pas tenté d’y mettre ta touche. Et puis, il manquait tous tes accessoires.

En attendant que mes frères terminent auprès de toi, les soignants viennent à mon secours. Ils sentent ma détresse. Ils n’ont qu’un verre d’eau à m’offrir, que je décline. Je leur demande si tu n’as pas souffert. A cela, ils me répondent que non.

Je te jure que j’y ai cru jusqu’au bout maman, naïve que je suis. Je pensais que tu allais honorer notre union. Je ne t’en veux pas maman. Je t’aime à l’infini.

 

Tu es la femme de ma vie.

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