Je collectionne les têtes :
“_Il collectionne les têtes…”.
Ne m’ôtez pas je vous en prie ce vil plaisir d’esthète
J’en mets sur mon buffet , j’en coupe et j’en compose un décor si burlesque et puis si rassurant : car je me sens si seul sans ces charmantes têtes bien fraîches et découpées . Je compose, je compose, de ce dont je dispose ( une femme parfois, mais ses seins m’indisposent ) des cadavres exquis aux postures si câlines qu’on aimerait une fois les voir sourire et vivre, quand je dis “on” bien sûr je ne parle que de moi et je souscris pleinement à votre répugnance…je dis vous, je vous parle – oh mon dieu que c’est drôle- comme si vous pouviez m’entendre et me comprendre, mais vous voilà inerte ( et vos seins m’indisposent, je ne saurais qu’en faire, et je voudrais que vous me les cachiez, ou qu’on vous les supprime, car la tête ( ou donc ai-je mis la vôtre ?) de ce charmant jeune homme ne vous va pas du tout . Allons, reprenons-nous, voulez-vous partager la voix du gramophone ? Je vous mets du Mozart ? Du Mahler ? Un truc qui sonne ? Vous ne répondez pas ? Ah mais vous m’embêtez à la fin je ne vous travaille pas du col pour que vous me mettiez ainsi dans l’embarras ! Et vous là-bas derrière, mais que croyez-vous donc, que je ne vous vois pas avec vos gros sabots , vos gourdins , vos filets ? Ne vous cachez donc pas, et réjouissez-vous d’assister en direct à une création géniale, originale, marginale, et pas banale . Laissez-vous tenter par les charmes japonisants de mon salon .
Ah ça ! mais répondez-moi ! Je vais de venir fou !!!” Il est peut-être temps d’intervenir”…oui, peut-être , mais avant, on pourrait nous aussi jouir de ce plaisir d’esthètes, non ? ” C’est ça les amis, esthétisons ! esthérisons ! et foutez-moi la paix !