Température extérieure : plus ou moins 15 Celsius ; 17 peut-être… L’autoroute pas loin, et ces saletés de tourterelles, tout près, ont déjà commencé leurs tintamarres. Il ne manque plus qu’un 747 cargo qui s’écraserait sur les tours de Marseille nord ! Comme là-bas… Dans l’autre vie, en 92. Deux mille morts pour démarrer la journée, voilà qui serait sympa ; j’aurais enfin quelque chose à écrire sans même devoir réfléchir. Je pourrais même décrire ce que l’on ressent quand on est brûlé vif !
Encore une journée de galère qui s’annonce… Mauvais rêves. Rien. Rien n’est débloqué. Je sens trop l’absence de l’essentiel dans ce projet démentiel. Tout est embrouillé. Les ronces, les ronces… “Chopper les tourterelles, les bâillonner et les ligoter avec les ronces !”, voilà ce que je pense. Je vois déjà le sang sur les plumes… Bien rouge le sang. Bien rouge… Elles gigotent ; elles s’essoufflent ; elles s’étouffent ! Enfin… La paix. Le silence… Le doux roucoulement de l’autoroute, au loin…
J’allume le PC sans conviction, en somnolant à moitié. Le mail d’abord. Les algorithmes du matin… “On vous aime. On pense à vous. N’oubliez pas de vous actualiser !” ; “Vous avez un nouveau document à télécharger ! Sous-entendu : qu’attends-tu ! Tu ne pourras pas dire qu’on ne t’avait pas prévenu…” Je me méfie, alors je télécharge. Je décortique. Un quart d’heure est passé… Ça y est, j’ai trouvé : ils m’ont encore piqué 15 euros pour “gestion de compte” ; ils ont rejeté le prélèvement de la Matmut ! “Salauds !” que je pense à voix haute. “Pendant cette période de crise, on est mobilisés pour être à vos côtés”, ou un truc dans le genre ; c’est ce qu’ils écrivent sur leurs vitrines…
Galère, galère… J’ouvre quand même mon AlgoMuse, mais je sais que je n’écrirai rien aujourd’hui. Impossible. Ce serait noir de chez noir. Les gens n’aiment pas le noir. Y a qu’à voir ce qu’ils lui font aux States. Et ailleurs. Et dans l’histoire… Non, je n’écrirai pas aujourd’hui.
“10” ! Whaou ! Dix messages ! Moi, avide, je clique, je clique ! Je flippe aussi un peu. J’espère que je n’ai pas dit trop de conneries hier… Surtout le soir. Les substances, les vapeurs, la fatigue lourde du découragement… Et les ronces, ces p. de ronces… Faut comprendre. Même quand on est supérieurement intelligent, on ne peut pas tout contrôler. Non, on ne peut pas… C’est même plutôt l’inverse.
Ouf ! Tout va bien. Que du bon ! De la gentillesse. De la bienveillance. De l’indulgence même ! De l’indulgence rien que pour moi. C’est bien la première fois… Même Ladaline est passée. Ladaline, c’est ma bonne fée. Je ne sais plus comment c’est arrivé. On ne s’est pas choisis, c’est tombé comme ça. Et je crois que c’est bien tombé. Pour moi en tout cas. La preuve ? Elle veille sur moi pendant que je délire dans mes cauchemars à broyer du noir. À broyer des tourterelles… Elle m’a glissé comme ça, mine de rien, tout en douceur : “T’oublierais pas quelque chose, genre, les gosses séquestrés au sous-sol…, etc.?”
“Mais bon dieu de bon dieu mais c’est bien sûr !” que je me suis alors dit ; “L’humour !”, idiot-bête ! Où est l’humour ? Bon, en même temps il faut être prudent car même l’humour est noir avec moi. Mais quand même, je sens qu’elle a ouvert une fenêtre sur le ciel, ma bonne fée. Faudra la remercier. Je vais noter ça dans mon journal.
Ah oui, mon journal justement : whaou ! Des elfes partout ! Des lutins, des génies du bien, Ayshah Hassan et Max Jangada et rvrchristian et même un diablotin ! Luciferr qu’il se nomme. Et tous de déposer pour moi un peu de leurs recettes ; celles de la magie du verbe…
j’ai déposé de la liqueur faite avec 5 coeurs pour éradiquer les ronces