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Ecrire dans la forêt

Avez-vous déjà tenté ce type d’expérience qui  consiste à écrire dans la forêt ? Je vous préviens, c’est à la fois inspirant, passionnant, mais aussi inconfortable. Pour cette expérience nous avons avisé un petit chemin – en fait une piste de ski de fond en hiver, plutôt herbue en ce mois d’aout – laquelle piste vient tangenter la petite route de montagne que nous connaissons bien. De là il a fallu extraire de la voiture et porter à distance les sièges et une table de camping, nos sacs à dos, une sacoche dans laquelle se trouvait notre matériel d’écriture tels que papier et stylo, mais aussi divers livres et revues, car dans ces moments-là il y a des espaces de temps partagé. Nous avons commencé par le pique-nique bien sûr, puis pourquoi pas une petite sieste, quelques lectures et finalement nous nous sommes dit qu’il était temps d’écrire. Le moment était venu.

Imaginez le décor : de très grands arbres, majoritairement des épicéas – cônes vers le bas pour les distinguer des sapins, cônes vers le haut, tout comme vous mettriez des bougies ou autres lumignons à un sapin de Noël –  mais aussi de nombreux hêtres qui parsèment cette forêt de ci de là. Autant les épicéas se dirigent droit vers le ciel, autant les hêtres pour leur part, semblent chercher la lumière. Ceci explique leurs troncs tordus qui les destineront à la fin de leur vie, plus souvent à servir de bois de chauffage – aujourd’hui on dit « bois énergie », ce qui donne plus de noblesse à la finalité, laquelle néanmoins reste la même – qu’à faire des planches. Des planches, c’est à cela que serviront les épicéas victimes de leur droiture.

Donc je vous conseille pour ce type d’expérience de vous munir d’une table de camping. La chose est légère et vous offrira un appui convenable pour votre papier ou votre cahier. Bien sûr, rien n’est simple. Le bord d’une piste de ski cerné par tous ces arbres, rien n’est plat. Alors avec votre table vous allez essayer toutes sortes d’emplacements différents jusqu’à ce que l’un d’eux vous paraisse à la fois stable et plat. Puis avec votre siège vous allez faire à peu près la même chose jusqu’à ce que vous ayez trouvé la combinaison idéale : siège et table. Attention aux feuilles volantes, car à l’extérieur il y a du vent ou de l’air pour qualifier un vent léger. Enfin il peut y avoir trop de soleil, faire trop chaud ou trop froid. Des bestioles peuvent vous agresser, voire s’acharner à vous distraire.

Si nous demandions à un artiste peintre, vous savez de ceux qui aiment peindre « sur le sujet », face à un paysage, au bord de la mer, au milieu d’un parc ou d’un jardin, il vous dirait la même chose à quelques variantes près. Par conséquent, peindre sur le sujet ou écrire dans la nature relève d’un même combat. Pour le peintre, de surcroît, l’éclairage évolue au fur et à mesure que la journée avance. Les ombres changent de place plus vite que le tableau ne progresse. Les parties éclairées par le soleil ne sont plus les mêmes entre le début de l’ouvrage et sa fin. Il est un fait qu’un paysage ne « pose pas » ! L’artiste doit par conséquent s’en accommoder. Il en va de même de la température des couleurs, plutôt blanche et écrasée vers midi, elle deviendra rougeoyante en fin de journée, les reliefs nettement plus accentués aussi. Le peintre ne peut pas ou ne parvient pas à représenter les différents états d’un paysage sur un même tableau. Il doit décider, en fonction de l’éclairage, et faire un choix de représentation tel que paysage au soleil levant, au soleil couchant, paysage en milieu de journée… pour y parvenir il doit fixer son tableau à l’heure dite, prendre des notes sur les couleurs qu’il observe de façon à lui permettre d’achever son œuvre en atelier. Une autre façon de prendre des notes consiste aussi à faire une photo.

Pour l’écrivain, il en est de même. Notre forêt qui nous est apparue comme très sombre vers midi, s’illumine progressivement au fur et à mesure que le soleil descend sur l’horizon. Ainsi ses rayons pénètrent entre les fûts des arbres faisant ressortir toutes les nuances de leurs écorces. Les arbrisseaux, dans un premier temps ignorés, se trouvent illuminés et révèlent le sous-bois, lequel nous était apparu au départ, secret, sombre, fermé. Les feuilles qui jonchent le sol et forment un tapis souple sous le pas, apparaissent en d’innombrables minis clairières ou taches de lumière. Sur les bords de la piste où nous sommes, fougères, fleurs jaunes, blanches, orange et bleutées, complètent ce paysage. Enfin, il y a les bruits secs des branches qui se fendent sous l’action du vent ou des changements de température. Les cris des oiseaux qui semblent quelques fois hanter ces lieux. Peut-être aurez-vous la chance d’apercevoir un cerf ou un renard ? Mais pour cela mieux vaudra venir très tôt le matin, ou même avant le lever du jour. Pourquoi pas la nuit pour un bivouac. Mais cela pourra faire l’objet d’une tout autre histoire.

Jml 08/2021

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