Ivre de couleurs et d’odeurs le pèlerin s’assit à même le sol à l’ombre d’une échoppe. Ivre de fatigue aussi sans doute car la route longue, poussiéreuse et brûlante l’avait épuisé plus qu’il ne pensait. Klaxons, cris et braiment des ânes, comme une rivière gonflée par la crue les bruits de la rue entraient à flot continu dans son esprit cotonneux pour lui vriller les tympans.

Après quelques instants les yeux fermés, des paroles sortirent du brouhaha ambiant et atteignirent sa conscience. Une voix de basse qui aurait pu chanter Faust, se dit-il. Des paroles étranges auxquelles son esprit n’arrivait pas à trouver sens, jusqu’à entendre ce qui lui fit ouvrir les yeux :

– Inédit, incroyable, le premier cirque labyrinthique ! venez déguster à la carte l’extraordinaire spectacle de notre troupe, entrez messieurs dames et découvrez ce menu d’exception. Déambulez dans notre labyrinthe et choisissez votre entrée en matière : en douceur avec la danse lascive d’Eva la fille de joie aux voiles imperceptibles, ou plus piquante avec les exercices très pointus du fakir Omar, un vrai pince-sans-rire, conclut-il dans un rire tonitruant. Mais attention on ne touche qu’avec les yeux !
Bondissant sur ses pieds et ramassant son paquetage, l’homme bien réveillé se dirigea vers le bonimenteur.

– Auriez-vous aussi de la langouste, je n’aime pas le homard ?

Avec un sourire presque imperceptible le chanteur d’opéra écarta un rideau derrière lui, dévoilant une porte dérobée, et fit signe d’entrer…

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