Ma vie heureuse de tournevis se passe dans un atelier de menuiserie où fleure bon les odeurs de bois et de colle dans un silence apaisant. Mon bricoleur est amoureux des boites et des coffrets en bois précieux. De toutes dimensions, de toutes formes, sculptées ou décorées, ses créations encombrent harmonieusement les lieux.

Les outils ont chacun leur place sur l’étagère : gouges, ciseaux à bois, râpes, limes. Mais dans une boite spéciale, mon maître range ses objets anciens favoris. C’est là où je vis aux cotés du compte-fil en acier, de l’équerre centenaire, du mètre pliant en laiton, de la loupe au manche d’ébène, tous ces objets hérités de son grand’père qui, lui-même en avait hérité de son père.

Il aime ouvrir cette boite posée sur son établi et nous prendre dans sa main caleuse. Il nous ménage, nous utilise avec précaution, juste pour le plaisir, avec le geste précis enseigné par son père.

J’attends ces moments heureux où il tient mon manche en buis luisant à force d’être caressé par plusieurs générations de menuisiers. J’arrive au moment final : la pose des charnière. Il retient son souffle pour ne pas troubler le geste. Je suis le témoin de la fière émotion d’un artiste réalisant son rêve.

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