Un paysage de soi

On porte en soi des paysages qui nous ont traversés comme un oiseau passe dans le champ de vision puis en disparaît. 

La trace se referme mais laisse intacte la perception qu’elle en a donné.

Fragment après fragment selon son geste d’écrire, le poème nait comme un chemin à l’image du monde où nous avançons : un passage fait de traces avec nécessairement des interruptions, des suspens. Même l’oubli est le signe d’un instant.

Ce serait comme un puzzle où poème après poème se construirait le paysage unique de soi.

Ce serait comme un livre ouvert où chaque fin de texte poétique pourrait devenir le commencement du suivant …

Ainsi va le poème. À la recherche de l’unité dans un moment perdu dans le temps et qui demande à revivre dans l’instant présent.

Comment ne pas en mourir ? 

Ecrire le poème, le laisser chercher à s’écrire.

Quand la plume chevauche le papier, le son et le rythme viennent au secours du mot imparfait disant en noir ou en blanc la rupture, la scansion, l’affect en suspension.

Saut de ligne, appel au silence ou intensité d’encre comme sur

un fil tendu au-dessus du vide.

Une partition de soi unique qui jamais ne s’accomplira mais qui se lira et reliera un présent à un autre dans la continuité …

indéfiniment ?

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