Voilà un endroit sauvage au possible fait de terres plus ou moins cultivables et de marais pas toujours bien fréquentés. Le pécari qui reniflait toutes les mottes humides à la recherche de quelque nourriture fut soudain interpellé par un castor couché sur le dos, jambes croisées, qui prenait une pause au soleil :
– Que fais-tu gros cochon, aurais-tu perdu quelque chose ?
– D’abord, cochon, je ne suis point. Admire au moins le collier qui orne mon cou. J’en suis fier et dois te dire – ignorant – que je suis un pécari encore jeune et plein d’ambition. Je cherche pitance voilà tout. Et toi-même que fais-tu là à te prélasser fainéant. Tu n’honores point ta famille que je croyais plus laborieuse. Du moins selon ce qui se dit.
– Mille excuses Monsieur le pécari, je ne voulais aucunement te blesser ou t’offenser. En ce qui me concerne, je viens d’abattre ces trois arbres dans la foulée et prends quelques minutes de repos bien mérité.
– sur ces entrefaites un buffle passa par là. Apercevant nos deux compagnons, il se rapprocha d’eux et poliment leur dit bonjour castor, bonjour cochon.
– non mais ce n’est pas vrai ! S’exclama le pécari ulcéré, Déjà deux fois ce matin.
Le castor s’adressant au buffle lui dit ;
– ce n’est pas un cochon, mais un pécari. Je t’expliquerai la différence qui se résume à une histoire de collier.
Le pécari émis pour tout commentaire un grognement.
- Pardonnez mon intrusion dans votre conversation, mais peut-être pourriez-vous me donner un coup de main, interrogea-t-il ? Et d’un mouvement de son cou indiqua une direction.
En deux mots le buffle – lequel précisa qu’il était plus exactement une bufflonne – avait rencontré ce matin même au travers de la clôture de la réserve zoologique proche, un caribou qui lui avait expliqué avoir été capturé au Canada, un pays fort éloigné de la Louisiane et infiniment plus froid, où il avait l’habitude de surcroît de se nourrir de mousses et de lichens. Que s’il restait là, il allait probablement en mourir. De fait ce caribou délocalisé devait être secouru.
Immédiatement les trois compères se mirent en route clopin-clopant. Le castor qui revendiquait toujours sa vaillance s’était néanmoins juché sur le dos de la bufflonne à l’invite de celle-ci pour gagner du temps.
Parvenus à la grille du parc soi-disant zoologique, mais que nos amis considéraient comme une prison, ils retrouvèrent le caribou qui releva la tête et s’agita dès qu’il les vit. Réfléchit bien lui dit la petite troupe du bon côté du grillage. Aller au Canada ne va pas être une opération des plus simple, il va falloir te faufiler au travers de la population des hommes pour remonter toute l’Amérique du sud au nord, de la Louisiane au Canada, sans te faire prendre.
- Aucune crainte dit le caribou mon cerveau m’oriente toujours vers le nord, à tel point que les copains de captivité m’ont surnommé la boussole. Au Canada déjà je savais éviter les hommes, les villes, les routes. Pour cela il est préférable de voyager de nuit et de toujours s’éloigner des lumières.
- Dans ce cas, si tout le monde est d’accord, y compris le principal intéressé, nous allons te sortir de là, dit la bufflonne laquelle du fait de sa taille jouait le rôle de chef de groupe.
- Je me charge de couper ces trois gros poteaux de bois. Dit le castor qui n’attendait que cela.
- La bufflonne de son côté dit qu’elle écrasera ce grillage pour que le caribou puisse passer tandis que le pécari veillera à ce que le caribou ne se prenne pas l’une de ses pattes dans les mailles de ce maudit grillage et y remédiera si le cas advenait.
- Ainsi fut fait, et tout se passa bien. Les quatre amis se séparèrent non sans émoi et la bufflonne ajouta :
- Moi-même j’étais prisonnière de cet enclos et ai profité d’une porte mal fermée pour m’enfuir. Comme je suis venue d’Afrique je sais que je n’y retournerai jamais à moins qu’une révolution chez les hommes fasse que chaque animal capturé soit un jour ramené dans son pays et que ferment ces fichus parcs et autres zoos des villes.
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