L’ascenseur s’arrêta brusquement entre deux étages…entre le treizième  et le quatorzième. Pour moi, ce  n’était pas la première fois, mais inéluctablement la dernière …

A cet instant où le stress est à son comble, ma volonté d’aller au bout de la mission rend l’incident pénible mais étonnamment gérable . Je sais qu’en de telles situations, il suffit de garder son calme et agir en conséquence.

Alors j’ agis.  Je pose le paquet au sol.
Il pèse son poids et la charge est instable. Je ne voudrais pas provoquer l’incident. Pas comme ça. En me confiant cette mission, mon chef m’a dit:  «  Ce que tu fais là, petit, c’est le nerf de la guerre!»
 Je veux lui faire honneur. je serai à la hauteur.

Au quatorzième, c’est la direction générale. A cette heure, le lundi, ils sont tous en réunion. Seules les petites mains font la pause.  
J’appuie sur le bouton alarme pour prévenir la maintenance, mais je sais que c’est inutile. Ils sont en pause eux aussi… un presque « fait exprès ».

Alors j’attends. 
Je sais c’est « con » d’attendre mais j’attends, et je sais que bientôt, ils attendront eux aussi – alertés  par mon absence et par leur instinct naturel de survie. 
Peut-être auront-ils l’idée de sortir pour voir…

J’attends…

Cela dit, Il ne faudrait pas qu’ils tardent. Car ici, Les choses se compliquent. J’entends un bruit faible mais continu. Une sorte de chuintement. Je crois que le gaz s’échappe! 
Le sol exhale une odeur lourde et sucrée… Ne pas céder à la panique. Agir.

– Je ne peux tout de même pas leur faire ça! Et pourtant, soyons clairvoyants: Froid, le « nerf de la guerre » ne vaut plus rien! 

Je m’assieds à même le sol de la cabine d’ascenseur .. J’ouvre le paquet.
Et là, je signe mon arrêt. 

Je croque à pleines dents dans le «  signature «  du chef, j’avale les frites de la directrice marketing et je bois le soda de son bras droit.

Je sais c’est moche.  Seulement, l’ascenseur pourrait rester coincé encore de longues minutes…

Et  il y a plus moche encore:  leur apporter un « Mag Do » froid!  
Je crois que là, il s’agirait alors d’un véritable attentat.

Les portes s’ouvrent enfin… Je file sans explication, en laissant sur le sol les débris de mon forfait. 
Au fond de moi, je le sais, mon stage est terminé. 

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