Quatre semaines plus tard, le 13 janvier 2036, j’arrivais au “Château” dans un luxueux SUV autonome qu’on avait envoyé me prendre à la gare de Dijon. Il était 15h, tout semblait endormi, comme écrasé sous la chaleur torride de la première canicule hivernale.
Une jeune femme, élégamment vêtue d’un uniforme vert d’eau qui me fit penser à une hôtesse de l’air, m’accueillit en découvrant d’un sourire radieux une denture parfaite, mais d’une blancheur qui me parut indécente.
– Bonjour Monsieur Lambert. Je suis Béatrice Rocher-Langlois, et je serai votre guide personnel tout au long de votre séjour à la clinique. Je vous invite, bien cordialement, à m’appeler “Béa”. Avez-vous fait bon voyage, Monsieur Lambert ?
La voix, douce et féminine, sonnait sans accent avec une précision qui annonçait une grande confiance en soi, peut-être même un peu d’autorité. Elle me sembla rassurante sinon vraiment amicale, et, souriant à mon tour – lèvres pincées cependant -, je répondis que tout s’était bien déroulé.
Ne vous inquiétez pas de vos bagages, Julien va s’en occuper reprit-elle en désignant un colosse costumé et galonné qui m’adressa spontanément le même sourire tout blanc. Il va les porter dans votre suite. C’est la suite Napoléon qu’on vous a réservé, Monsieur Lambert. On dit que l’Empereur y a dormi. Le troisième. C’est amusant, c’est au troisième et c’est l’une de nos trois plus belles !
Sur quoi nous gravîmes ensemble les marches du Perron d’Honneur dont je découvrirais bientôt que tous n’y étaient pas autorisés, et pénétrâmes dans la gentilhommière du XIXème avec une sorte de solennité naturellement inspirée par le lieu.
L’entrée ouvrait directement sur un imposant escalier monumental, bordé sur la droite d’une petite salle qui hésitait, sous des airs de boudoir, à se donner une allure de salon de thé ou de pub, et, sur la gauche, d’une haute et large barrière de portes en accordéon, à demi déployées, laissant ainsi deviner une salle immense, à l’évidence agencée à la façon d’un club pour gentlemen anglais.
Mon guide m’abandonna dans le boudoir en me livrant à “Jean-Jacques”, le barman qui, non seulement était tout autant costumé et galonné que Julien, mais semblait aussi partager les mêmes origines caribéennes, le même sourire éclatant et la même sollicitude à mon égard. J’étais déjà comblé…
Ne vous souciez de rien, Monsieur Lambert, me dit encore mon ange gardien. Tout est pris en charge par Le Programme, vous n’aurez rien à payer. Et d’ajouter : restaurez-vous, reposez-vous, je vous retrouverai ici dans une heure pour vous faire découvrir le lieu et ses usages.

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