Sitôt passé le seuil s’évanouit l’été ;
Le soleil relégué au jardin trépigne,
chaleur et lumière ont déserté, indignes,
ce lieu où le temps même n’a plus droit de cité.
Dans le salon ouvert tous les bruits sont feutrés,
la musique en sourdine des conversations
ose à peine ébranler l’air lourd de la maison,
les pas se font discrets, les mots sont amitié.
De deux enfants le triste et doux chuchotement
berce avec tendresse la douleur juste éclose,
au chevet de l’aïeul fane un bouquet de roses
dont la suave senteur est offrande d’encens.
Laissant aux survivants un gout d’inachevé
est partie la grand-mère au sourire mutin.
La mort a pris son dû le crépuscule atteint.
Peut-on compter les jours quand il s’agit d’aimer ?
Très beau texte. Quest-ce que j’aimerais pouvoir écire des textes comme celui-ci
Tout en délicatesse. J’ai même entendu les silences
Juste magnifique
Sublime.
Mais justement, parce qu’il l’est, votre poème mérite critique.
Je l’ai lu (et relu plusieurs fois à voix haute), pour finir par le lire avec cette ponctuation (qui s’est progressivement imposée à moi, dans ma lecture) :
Sitôt passé le seuil s’évanouit l’été ;
Le soleil, relégué au jardin, trépigne.
Chaleur et lumière ont déserté, indignes,
Ce lieu où le temps n’a plus droit de cité.
Dans le salon ouvert, tous les bruits sont feutrés,
La musique en sourdine des conversations
Ose à peine ébranler l’air lourd de la maison,
Les pas se font discrets, les mots sont amitié.
De deux enfants le triste et doux chuchotement
Berce doucement la douleur à peine éclose,
Au chevet de l’aïeule fane un bouquet de roses
Dont la suave senteur est offrande d’encens.
Laissant aux survivants un goût d’inachevé,
Est partie la grand-mère, au sourire mutin.
La mort a pris son dû le crépuscule atteint.
Peut-on compter les jours quand il s’agit d’aimer ?
J’ai bien noté que vous aviez choisi d’écrire en « vers libres » et je vous comprends : l’expression directe et spontanée d’émotions si puissantes s’accommode mal de la métrique ; même Victor Hugo finit toujours par « s’engouffrer » dans la « tragédie » et pour finir, bien peu de ses poèmes ont « cette fraîcheur » (et cette « universalité » en termes de sympathie) que le vôtre porte.
Cependant, je vous en conjure : vous devez (oui, c’est un « devoir » ! après tout, ne suis-je pas le « patron » !?, comme le dit si souvent @Sklaera ? Sourire…), oui, vous devez …au moins me faire l’amitié de prendre en compte mes critiques. Dès lors, en voici deux autres :
Répétition : « à peine… »
« Lourdeur (légère…) » : « doucement » juste après « chuchotement » m’a un peu questionné… (ralenti dans ma lecture, mon voyage…)
Pourquoi pas « …berce avec bonheur… » ? (Je peux expliquer bien sûr, si vous le souhaitez, mais je crois que vous comprendrez mon idée…)
Bien amicalement,
Et merci encore pour ce magnifique poème qui ouvre à tant d’émotions !
Merci beaucoup à tous (@payette @melanie chaine @Ma Pie @Guillaume du Vabre ( @algo )) de l’intérêt que vous avez porté à mon poème.
Merci Guillaume pour ce long commentaire et ces critiques constructives dont je vais m’inspirer pour aller vers un texte toujours plus achevé.
En ce qui concerne la ponctuation, j’ai tendance en poésie versifiée à en mettre un minimum par rapport à ma pratique en prose, juste pour éviter des contresens à la lecture, mais peut-être avez vous raison en m’incitant à l’augmenter. Je vais prendre le temps de le reprendre au calme pour y mettre ma propre lecture/écriture.
Je n’avais effectivement pas vu la répétition “à peine”, merci de me l’avoir signalée, je vais lui chercher un remède.
Enfin j’avais effectivement tiqué moi-même en écrivant “doucement” à cause de la proximité sonore de “chuchotement”, vais-je adopter votre suggestion ?
Mes vers serait-ils donc un peu moins libres que vous ne le dites ? 😅
Affaire à suivre…
C’est qu’il a de l’autorité « le patron »😉😉🤣.
Je comprends ce besoin de ponctuation mais pour moi comme l’écriture est versifiée et non en prose, cela ne me choquait pas ( voire cela me donnait peut-être plus de liberté à la lecture… )
Quoi qu’il en soit, je me répète… ce poème est magnifique et tellement humain!
Sourire. Je suis d’accord avec vous Mapie : si Angelune n’avait pas mis la moindre virgule dans son poème, je n’aurais pas pu faire cette critique (et je ne l’aurais pas faite). Je crois pouvoir affirmer que c’est le choix du poète d’user – ou non – de la ponctuation. Au moment où il décide de laisser le lecteur libre, il s’en abstient (totalement). Alors le lecteur crée “sa” musique du poème. Mais au moment où il met, ne serait-ce qu’une virgule… alors il faut aller “au bout”.
Je me réjouis qu’on puisse ainsi discuter d’un texte sans le juger (ni son auteur-e bien sûr). Merci.
Le poème revisité a gagné quelques signes de ponctuation et s’est allégé de ses quelques lourdeurs, en tous cas j’espère. Je suis prête à expliquer mes choix à qui s’interroge…
😃 Merci de cette aide amicale à toujours mieux faire à laquelle la communauté algomusienne est invitée à participer, auteurs et autrices comme lecteurs et lectrices.
Merci à vous !
Oui, “tendresse” convient mieux que “bonheur” ; il permet également de conserver la tension entre l’enfance et la douleur…
Vous parlez de sa mort en un doux bercement du temps de ceux qui sont encore la.
Remarquable parenthèse suspendue aux douloureux contrastes, elle si sereine et apaisée, eux si sourdes douleurs étouffées.
Merci.
poème émouvant merci