C’est un bébé en pleine santé. Sa courbe de croissance est satisfaisante. Mais à 6 mois, Marinette commence à se poser des questions. C’est son premier enfant mais elle se rend bien compte depuis quelques temps que Joseph est un peu trop indifférent à ce qui se passe autour de lui. Il ne regarde jamais personne et fuit les regards. Il ne s’intéresse à rien sauf à son petit jouet musical pendu au-dessus de son lit et pleure dès qu’on l’en éloigne.
Le médecin rassure la maman. Il faut attendre la marche et l’apprentissage du langage.
Mais au fil du temps, l’enfant ne fait pas de progrès. Son regard dans le vague inquiète de plus en plus Marinette. Paul voit uniquement la croissance de son fils. ” tu seras fort comme papa “.
Les parents ne sont plus d’accord. Des disputes commencent à éclater, d’abord concernant Joseph, puis, à tout propos. La communication se ferme et chacun reste dans ses convictions. Marinette ose mettre des mots sur l’attitude de son fils. Elle lit des articles sur les retards de l’enfant, l’autisme, etc. Plus rien ne l’intéresse que l’avenir de petit Joseph. Elle se néglige même.
Paul pense : ” elle se fait des idées, elle ferait mieux d’aller travailler; ses parents pourraient garder Joseph “. Il ne reconnaît plus sa jolie épouse toujours gaie, jolie comme un cœur. La maison ne résonne plus des échos joyeux du couple. Les repas sont vite avalés, ils n’ont plus rien à se dire et n’osent se regarder. Le vase qui accueillait chaque jour un bouquet de fleurs des champs reste vide.
Les années passent et Joseph reste toujours dans un mutisme qui inquiète peu à peu l’entourage des parents. Petit Joseph a maintenant 4 ans. Il ne parle pas, ne rit pas. Il vit dans ce monde étrange où il n’y a aucune communication, son monde à lui, impénétrable.
Le quotidien devient de plus en plus pesant. Et puis petit Joseph a maintenant de grosses colères et ne dort plus la nuit. Les parents sont épuisés et Marinette, très déprimée n’est plus capable de tenir correctement la maison, ne s’habille plus, puis ne s’intéresse plus ni à son fils ni à Paul qui commence à comprendre que son petit Joseph n’est pas tout à fait comme les autres enfants.
Il faut prendre une décision. Ils emmèneront petit Joseph à Villar chez pépé et mémé. L’air de la montagne lui fera du bien. Il changera peut-être. ” Oui, il changera mon fils ” pensait Paul.
La semaine suivante, la petite famille prend la route de Villar. Joseph ne supporte pas d’être attaché et le bruit du moteur lui est insupportable. Il a fallu faire plusieurs haltes pour le calmer avec son jeu musical. Un froid silence s’installe entre les époux.
Ils arrivent enfin et les grands parents les accueillent avec joie.
Nous sommes au mois de juin. La nature commence à s’éveiller sur ces hauteurs. Il fait encore un froid mais la cheminée réconforte toute la famille. Petit Joseph est si fasciné par le jeu des flammes qu’il ne note pas l’absence de son jeu musical favori. C’est la première fois qu’il se laisse distraire par un spectacle nouveau.
La soirée se passe bien. Mémé lui parle calmement. Joseph se laisse même caresser la joue. Après ce long voyage et l’effet soporifique de l’altitude, il s’endort calmement avec la présence apaisante des grands parents à ses côtés ; Ils sont émerveillés par ce petit garçon en pleine santé. Mémé a aménagé un petit coin pour lui, séparé par un rideau, dans la pièce commune. Il y trouvera son lit et ses quelques jouets.
Marinette et Paul doivent partir avant la nuit. L’enfant est totalement indifférent à ce départ. Il contemple calmement le feu comme s’il avait trouvé là sa vraie maison, son refuge.
Les jours suivants, Joseph eut bien quelques petites colères mais mémé savait le rassurer doucement. L’air de la montagne faisait le reste. Et pourtant, l’enfant était toujours indifférent à toute sollicitation ; à peine donnait-il parfois une petite tape sur le bras de mémé. Il ne soutenait aucun regard et cependant, il commençait à lever les yeux là-haut vers les grandes cimes.
texte complet, cliquez : texte complet
Ce texte est émouvant. On croit deviner l’amorce d’un changement…
Je vois que vous suivez bien mon petit Joseph et vous en remercie. J’imagine la suite mais chut !
Il y a certains détails, comme son petit coin à lui avec son lit aménagé dans la pièce commune, qui sont émouvants, parce qu’ils tendent à nous reconnecter à des souvenirs communs.