La ronce

La ronce, s’enlaçant à mon tronc tendre et svelte,
M’enserre froidement comme des tentacules ;
Je ne suis plus qu’un pieu, un piquet ridicule,
Ma silhouette alors est un maigre squelette.
Et dans les grands bois sourds, de ramure en ramure,
Un bruit que j’aurais tort de ne pas redouter,
de vallons en sentiers, j’entends un long murmure.
La mauvaise herbe rampe et meurtrit la forêt
Qui jette aux quatre vents son hymne d’agonie.
Mes compagnons sont là, apeurés et tremblants,
Et lancent, à l’unissons, quand la sève s’enfuit,
Leurs tristes et sombres cris, dans un râle effrayant.
La brume cache en vain cette scène macabre
L’ennemie ne renonce jamais à son œuvre
Et rampant sans vergogne, elle assaille les arbres,
Elle étouffe ses proies, cette cruelle pieuvre.

Jamais je ne serai ce chêne fier, puissant,
Jamais je n’offrirai ma douce ombre aux amants.

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