Terribles, singuliers comme les somnambules, les fantômes du château s’étaient donnés rendez-vous dans la galerie des glaces. Il y avait là feu le baron de Mortifère et toute sa clique ! Même la meute s’agaçait autour d’une proie. Comme aux vermines la charogne, l’effluve blanchâtre de la lune servait aux esprits défunts leur pleine ration de mélancolie funeste.

J’étais là, parmi eux, je les voyais et pouvais presque les toucher. Pourtant, j’étais bien vivant quant à moi. J’aurais dû être terrorisé, je me sentais en confiance. Ils m’entouraient, me regardaient avec indifférence, en se parlant à voix basses. Tout se passait comme si j’étais moi-même la singularité de cette scène. Comme si la vie, par une nuit bleue et froide de décembre, toute emmêlée d’éternité, en se mirant dans les grandes glaces, se décomposait, se multipliait sous les draps blancs…

(à continuer…)

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