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Nous sommes nées le 13 mars 2012 à Sainte Savine. Avec ma jumelle, mon double devrais-je dire, tellement les gens nous confondaient, nous avons vécu plusieurs mois, littéralement collées l’une à l’autre. Ce fut une période heureuse, nous avions, comme une auréole qui nous reliait. Parfois nos transports nous emmenaient vers de nouvelles destinations, mais nous conservions toujours la même ouverture.

Un jour nous fûmes brutalement séparées. Je me sentis détachée de cette douce auréole et je me retrouvais soudain jetée dans un antre noir, enfermée sans mon double. L’immense tristesse qui me gagna me sembla interminable. Qu’était devenue ma jumelle ? Etait-elle aussi cloitrée, quelque part à se morfondre ? Je fis la connaissance d’une demi-douzaine d’autres prisonnières. Elles aussi avaient été séparées de leur fratrie, parfois plus nombreuse. Cette promiscuité, souvent lourde, permettait toutefois d’échapper à la solitude.

Dix ans ! Cette séquestration dura dix longues années à essayer de comprendre, espérer. Quelques rares fois, quelqu’un ouvrait, la lumière entrait brutalement dans l’antre et avec elle l’espoir d’une délivrance. Hélas c’était pour jeter une nouvelle inconnue. Une fois pourtant, l’une de nous eu la chance de sortir, mais nous ne la revîmes jamais. Nous n’osions songer à ce qui avait pu lui arriver.

Puis ce fut le jour. Ce fut mon tour. L’antre s’ouvrit et quelqu’un m’attrapa sans ménagement et m’en extirpa. Toutes les hypothèses se bousculèrent. Etait-ce la fin ? Allais-je revoir ma jumelle ? L’espoir grandit lorsque je j’entrevis une auréole qui ressemblait à celle des jours heureux. Oui, je rejoignais l’auréole, j’étais délivrée ! Il y avait là plusieurs inconnues. Je cherchais fébrilement ma sœur. Quelqu’une l’avait-elle vue ? Oui ! Mais ma joie s’éclata soudain contre la terrible réalité, oui, elles avaient connu ma jumelle, elle la reconnaissait parfaitement en moi, mais mon double était mort la veille, cassée par erreur dans une mauvaise serrure. Et c’est celui-là même qui avait tué ma jumelle, qui me demandait maintenant de prendre sa place. Ô vie cruelle de clé !

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