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Sous les cieux implacables, dans l’aridité des landes, le long des ruisseaux mis à genoux par la sécheresse, l’étincelle a jailli. La flamme a léché les molinies bleues, noirci les lichens, chassé le mulot, le serpent et l’oiseau. Le brasier s’est nourri de tourbières, de légendes et de prières. Le  faisceau de cendres a assombri le ciel, redessiné les monts et les vallées, soufflé ses scories vers l’océan. L’incendie a balancé ses crocs  ardents au-dessus de la chapelle, a réveillé l’âme des chaos rocheux, sucé l’empierrement du chemin. A Brasparts, le frisson de la peur ancestrale a coulé dans la sueur des dos droits et tendus.  L’homme a préparé son bagage mais est resté, aimanté et figé dans le film de son chagrin qui déroulait ses bobines devant sa porte. Minuit a sonné, le ballet des pompiers s’est affolé : des odeurs de poudre et de cendres, les bruits furtifs et vains de l’eau qui crépite dans la fournaise.

   Où que vague le cœur, il s’abîme dans la désolation des tas de brandons et des couches de cendres, de moignons noircis et d’hommes meurtris. Il pleure la peau roussie du lézard, le vol amputé de l’engoulevent et la carcasse immolée du hanneton ou du bousier. Il crie au ciel sa douleur errante, la brûlure irrigue encore ses vaisseaux incandescents.

    Au loin, là-bas derrière le Tuchenn Kador, le ricanement de l’Ankou rebondit de vallées en plaines puis s’éteint dans les marais du Yeun Ellez.

 

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