Chapitre 27 – « the place to be »
La joute qui avait fini par attirer plus d’une soixantaine de personnes sous le grand charme de la résidence avait été relatée avec enthousiasme à monsieur Karma par tous les canaux de communication.
Les résidents avaient apprécié l’animation.
Les visiteurs n’avaient pas vu le temps passer.
Les plus jeunes avaient bien rigolé.
Le personnel avait découvert tout ce petit monde… et monsieur karma père, lui, avait bien entendu trouvé tout ce boucan excessivement déplaisant.
Le projet d’établissement devrait être enrichi afin de permettre une plus grande facilité d’échanges entre le monde de l’intérieur et celui de l’extérieur. A ce titre, carte blanche était donnée à Sidonie pour mettre à profit les talents de chacun.
Comme de bien entendu, les premiers intervenants se sont imposés d’office. Le public captif et enjoué des retraités était évidemment une aubaine pour le « slam » du curé, et pour la nouvelle collection de croûtes de Victoire. Inspirée par les chaussures et pantoufles locales, cette dernière n’avait cessé de « créer » pour aboutir à ce qu’elle allait nommer « le dernier bas art de Victoire ».
Cependant, il allait très vite être nécessaire de faire place à d’autres artistes, un peu plus conventionnels.
Tandis qu’un peu partout dans le parc, des tables d’échecs sont installées, au centre du jardin, un nouvel « arbre à palabres » est lui même baptisé. On peut y entendre, devant un parterre de chaises et de transats, sorte de scène ouverte en plein air, conter des histoires et des anecdotes.
Parfois, des cartomanciennes improvisées lisent le passé et l’avenir des jeunes et des moins jeunes. Les hommes racontent des histoires drôles qui ne devraient faire rire qu’eux … mais leur rires sont communicatifs, tout le monde s’esclaffe et l’hormone du bien-être être s’échappe sous les branches du grand arbre. Toute cette activité donne aux week-end des ambiances mêlées de fête foraine et de marché médiéval.
En semaine, des ateliers cuisines sont organisés. Les secrets de grand mères sont enfin dévoilés aux plus jeunes. Les écoles primaire s’y inscrivent pour écrire et dessiner le livre des recettes de leur choix.
L’esthétisme des plats est enseigné par monsieur Desmond, le critique gastronomique, qui peut exprimer d’une main tremblante son art aux adeptes, à condition qu’ils ne soient pas pressés.
Des cours de stylisme sont dispensés. Les défilés de mode sont organisés afin de confronter le « swag » des ados avec celui des adultes voire des adultes « confirmés ».
Le sport ne se limite plus au tai chi et à la gym douce…. A présent, la danse de salon a toute sa place pour tous les âges.
Un coiffeur s’installe à proximité de l’entrée du parc. La mode des cheveux poivre et sel est à son apogée.
Les vieux initient les plus jeunes aux jeux du futurs: Bingo, Scrabble, Puzzle et memory…
Les plus jeunes élaborent des tutos pour aider les aînés à se servir des réseaux.
La joute verbale, atelier culte, a lieu tous les dimanches avant l’heure du thé dansant.
Le journal local ayant été relayé dans les communes alentours et jusqu’à Paris, l’epadh des mimosas est en passe de devenir « the place to be », sorte de nouveau poumon de la ville.
Sidonie et Victor souvent accompagnés d’Eugène oeuvrent à ce grand chamboulement et ne cessent d’avoir de nouvelles idées. Jusqu’alors toutes les propositions ont été acceptées.
Un seul hic, la direction refuse toujours de faire venir Ficus aux Mimosas. Hormis une fois, clandestinement au fond du panier pique-nique en osier, Le pauvre animal n’est jamais entré.
Faire entrer le loup ( aussi petit soit- il) dans la bergerie est pourtant l’un des jeux préférés de Sidonie… Aussi , n’allait-elle pas tarder à s’y prêter…
Précédemment dans « la fleur de l’âge »😉: https://algomuse.fr/la-fleur-de-lage-chap1-ma-pie/