« Demain dès l’aube, à l’heure où reflux la marée, vous reviendrez!  Jean-Paul G »  

Telle est l’invitation que j’ai gravée sur le sable mouillé. 

Cher journal,

Nous sommes le 16 juin 2051 et je sais que les vagues n’atteindront cette plage de sable qu’une fois la nuit tombée. A l’instant où je trace du bout de mon bâton  ces quelques mots, je suis comblé. 

Demain aura lieu la garden-party la plus insolite de l’année, et je crois pouvoir dire que chacun sera paré des plus jolis ensembles en feuilles de bananiers que la terre ait porté. J’ai tout élaboré.

Chaque nouvel arrivant enfilera le vêtement que je lui proposerai. Le pari est osé, je sais. Point de mannequin, point de carton, point de sécurité, point de réseau… juste un message éphémère sur le sol, et mon excitation qui est à son comble.  

Un tapis de sisal recouvrira le sable et nous irons pieds-nus danser jusqu’à minuit, heure du bain. 

Alors, chacun prendra son tour pour nourrir de mes créations le grand feu de la St JPG ( je ne fais qu’anticiper ce qui devrait arriver…) , puis s’en ira courir, nu,  dans les vagues, comme le baptisé vers la vie nouvelle.

Enfin, portant pour seul atour une feuille de vigne que je leur ai brodée , comme un dernier cadeau discret et raffiné, ils rentreront chez eux grogys et étonnés de n’avoir point rêvé.

Je me sens l’âme d’un poète, d’un artiste, d’un magicien, d’un saint, je suis à cet instant même en devenir de celui que je serai demain.

A plus tard…

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