Le Tannos, en Provence, est une veille ville où viennent mourir d’anciens riches, d’anciens anarchistes, d’anciens fonctionnaires, d’anciens… C’est un mouroir. Une vieille fille délaissée par la gloire. J’y fus enfermé deux ans.
Le jour de mon arrivée, c’était aussi jour de marché. Comme chaque dimanche, la grand place centrale, ombragée de platanes centenaires, grouillait de cette foule mêlée et bigarrée qu’on ne voit qu’à cet endroit.
D’un côté, des terrasses pleines de touristes, de l’autre, des enfants qui jouent en criant très fort. Entre les deux, des forains qui haranguent les badauds qui se risquent dans les allées éphémères du marché.
L’un d’eux attire mon attention : il vend des livres d’occasion. Cependant, m’approchant, je lis sur l’un d’eux : “Hoe ben ik rijk geworden” [“Comment je suis devenu riche] ! Je parcours les autres titres, tous sont en néerlandais ! Comment ? me dis-je, les Hollandais auraient envahi Le Tannos au point qu’il nous faudrait tous, maintenant, lire dans leur langue ?
Je m’approche davantage du libraire, et j’ose vaincre ma timidité naturelle :
– Zijn u Nederlander, Menneer ? [Êtes-vous Néerlandais, Monsieur ?]
– Vous ne parlez pas français ? me répond-il, avec un accent de Marseille à couper au couteau !
– Ah… Comme c’est drôle : vous vendez des livres écrits dans une langue que vous ne parlez pas vous même ?
– Monsieur, nous sommes à Le Tannos, ici ! Figurez-vous qu’on y peut tout !
– Peut-être, mais… n’est-ce pas un peu risqué quand même ?
– Risqué de quoi ? Si mes livres ne vous plaisent pas, vous pouvez toujours regarder ailleurs, non ? s’emporte le bonhomme…
– Eh bien, c’est un bon conseil…

[Oups ! temps écoulé… L’idée maîtresse n’est pas encore arrivée… Je reprendrai ce texte plus tard…]

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