Ce matin, je me demande si je suis un émeu, un nandou, ou simplement l’autruche niant l’évidence.
Mes pensées sont embrouillées, mon corps raidi par le manque de sommeil, les draps froissés en boule. Les yeux embrumés, rivés sur cet énorme œuf rouge rubis, insolent, effronté, posé sur l’oreiller voisin : je suis désemparée. Le message de Christophe est explicite. Nos discussions houleuses stériles au sujet de son envie d’être père me reviennent alors en mémoire. Trop tard, bien trop tard : il me quitte !

Totalement anéantie, consciente de mon entière responsabilité dans cette situation, je veux fuir assez loin pour qu’un buisson me cache. Pleurer sur ma naïveté déconcertante à l’ombre d’un bosquet d’épines. Ma fulgurante carrière professionnelle valait elle un tel sacrifice ?

J’ai joué avec le feu, tenus des propos acides peuplés de mots acerbes et me voici telle l’autruche : la tête dans le sable, les plumes ébouriffées, les pattes tremblantes.

Impossible de voler vers l’amour de ma vie : il a pris son envol vers … ma meilleure amie !

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