• 6 mois 
  • 4Minutes de lecture env.
  • 220Lectures récentes
9.7
(3)

« Une Rolls Royce se gara juste devant la bijouterie. En sortit une élégante jeune femme, vêtue d’une robe rouge et d’un chapeau à larges rebords, qui se dirigea directement vers la porte de service de l’hôtel jouxtant le célèbre joaillier. Elle disparue dans l’embrasure, avec une rapidité telle, qu’elle s’était comme qui dirait… volatilisée!
Au même instant, une femme à la plastique parfaite sortait de la bijouterie. Elle était vêtue également d’une robe rouge et d’un chapeau à larges rebords. A ses oreilles, étaient pendus  de petits brillants noirs et blancs qui envoyaient un éclat d’une pureté glaciale. Je vous dis ça comme cela me vient. J’ai toujours trouvé que les pierres, même précieuses, n’en demeuraient pas moins des cailloux… mais celles-ci, m’ont… tapé dans l’oeil! 
Et puis, comme  j’avais fini ma pause,  c’était  ma deuxième cigarette… et j’essaie d’arrêter… J’ai dû rentrer pour terminer de nettoyer le salon. »

Tout en écrasant son mégot dans un petit cendrier portatif, le jeune coiffeur regardait les deux agents qui lui faisaient face avec un air désolé. Il avait apprécié qu’on l’écoute avec tant d’attention. Il aurait aimé pouvoir aider les forces de l’ordre, mais bien que les choses se soient déroulées sous ses yeux,  il n’avait finalement  presque rien vu.

Le vol avait été saisissant. A peine quelques courtes minutes et surtout, il n’y avait eu aucune trace de violence.

Seul demeurait la confusion du bijoutier qui affirmait avoir reçu une femme magnifique, vêtue d’une robe fourreau vert anglais. Il lui avait fait essayer le plus beau joyau de sa collection puis après un léger malaise s’était réveillé un peu groggy avec à son chevet, je cite : «  la même femme, toujours très belle,  mais beaucoup plus jeune et cette fois-ci en robe rouge et sans le moindre pendentif à l’oreille ».

Le commissaire Loiseau était perplexe, et un brin agacé. Décidément, les braquages devenaient fourbes et totalement insolubles. 

Qui donc était cette femme  en fourreau vert qui avait dérobé un bijou d’une valeur inestimable et dont  l’ourlet parfait de l’oreille hantait tant le bijoutier qu’il en venait à regretter la voleuse plutôt que le vol?

Et pourquoi se serait-elle changée avant de quitter la boutique? Le petit employé du salon  d’en face avait été formel, la femme sortant de la bijouterie était vêtue de rouge, pas de vert!

Le commissaire et ses agents ne portaient que peu de crédit aux dires du pauvre bijoutier qui n’avait juste pas recouvré ses esprits. D’ailleurs, la jeune femme en rouge, ophtalmologue de métier, avait conseillé  de faire examiner la victime à l’hopital. Le choc ayant pu provoquer chez celui-ci un accident ischémique…

Tout cela était bien confus… Le commissaire allait passer la soirée à ressasser les événements.
Le fait est qu’un bijou avait bel et bien été dérobé! Et cela sous les yeux de tous…

A deux pas de la place des Vosges, dans un petit hôtel particulier , la jolie femme toute de rouge vêtue retire ses escarpins et crie :

– Maman? Tu es rentrée? montre moi, il parait que les pendentifs sont superbes!

La femme en vert s’approche, un sourire désarmant, et lui accroche un  pendentif à l’oreille: 
– Magnifiques ma chérie! Ils sont magnifiques ! 

Tout en s’admirant dans le miroir du salon: 
– Tu sais que le commissaire Loiseau vient en consultation demain? Il voudrait y voir plus clair dans son enquête et je suppose qu’il prête à une ophtalmologue la capacité à l’y aider…

– En voilà surtout un à qui tu as tapé dans l’oeil, dis moi!  
Bon, méfie- toi tout de même… il est sûrement plus finaud qu’il n’y paraît ce Loiseau. Ton idée de profiter de la deuteranopie du petit coiffeur d’en face pour provoquer la confusion générale était géniale. Mais il ne faudrait pas que « Colombo » découvre le pot aux roses! 

– Franchement, maman, aucun risque! Avec sa calvitie, je doute qu’il demande comme toi une coloration qui tourne au fiasco!
Entre nous… une fois que l’affaire aura été un peu oubliée, il faudra que j’annonce au petit qu’il souffre de  daltonisme. Sinon, il finira par perdre toutes ses clientes, le pauvre! 

Moyenne obtenue : 9.7 / 10. Nombre de votes : 3

Soyez le-la premier-ère à exprimer votre ressenti !

Partager ?

9
0
L'auteur-trice aimerait avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x