Étalages bondés, éventaires ventrus. (poètes québécois)
Comme une abeille autour d’une branche fruitière. (poétesses francophones)

75A

Je suis avec ma nouvelle androgyne sauvageonne, tout deux allongés sur nos rabanes sur cette plage où je prends mes quartiers d’été dès les premiers beaux jours. Étalages bondés, éventaires ventrus et des seins toutes catégories à gogo, envahissent maintenant les lieux.
Il faut voir les aoûtiens au teint encore pâle se déverser sur le sable et s’agglutiner autour de ces nymphes siliconées comme un essaim d’abeilles autour d’une branche fruitière.
Je perçois soudain une certaine humeur maussade chez ma dulcinée aussi belle que dépourvue d’attributs arrogants. Elle, si joyeuse pendant le déjeuner, a-t-elle honte de son 75A rayon fillettes devant toutes ces prouesses de la chirurgie esthétique ? Je la distrais, je l’étonne, je la dorlote, je la couve des yeux, mais rien n’y fait. Je voudrais être prestidigitateur pour faire éclabousser la grève de mille fleurs.
Je cherche la phrase adéquate en pareille circonstance. Et du fond de ma mémoire, ces mots, dont je ne connais ni la source ni l’auteur, se bousculent en moi. Je respire, je trie, je récite intérieurement, j’hésite, j’en mesure l’effet. Et dans un souffle, je glisse tendrement, en une envolée lyrique, au creux de son oreille divinement ourlée : ‘’qu’importe ton sein maigre, Ô ! Mon objet aimé ! On est plus près du cœur, quand la poitrine est plate !’’. Et son visage s’illumine enfin.

« L’essentiel, le plus souvent, n’a point de poids. L’essentiel ici, en apparence, n’a été qu’un sourire. Un sourire est souvent l’essentiel.» Antoine de Saint-Exupéry

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