Léo quitta le dernier la salle de réception, car à regret. Il adorait découvrir l’histoire de France à travers la visite des châteaux et il avait sauté de joie quand sa prof d’histoire avait annoncé la délocalisation de son cours. Sitôt l’adolescent sorti, une conversation étrange débuta :
–    Ouf, toutes ces mains qui se posent sur moi, ça me dégoûte !
–    Râle pas, avec le Covid t’as au moins gagné qu’elles sont sinon propres du moins désinfectées.
–    Tu parles, ce gel un peu poisseux, il fait plein de traces sur mon bronze délicat, j’ai gagné toute une collection d’empreintes digitales qui brillent.
–    Fais pas ta chochotte, t’es bien content qu’ils t’admirent et te caressent. Et que dire des exclamations quand ils te découvrent ! Fantasy, dessins animés, manga, même Harry Potter parle de toi !
–    La mythologie est à la mode… régulièrement. Et puis enfin, j’ai quand même un look d’enfer, non ? Cavalier et cheval unis dans un même être d’exception, je mérite leurs hommages !
–    Humilité et simplicité c’est pas ton truc ; l’inattention, tu supporterais pas… moi, personne ne me remarque… je fais partie du décor au même titre que les arbres ou les fleurs.
–    Pleure pas, tu es plus élégant que moi !
–    Tu trouves ? c’est gentil, mais ça ne me console pas. S’ils me croisent dans la forêt, ils sont même pas fichus de me reconnaitre.
–    C’est pas faux. Quand la prof a attiré leur attention sur ton petit bronze et demandé quel est cet animal, on a eu un peu de tout : un cerf, un élan, un renne…
–    C’est injurieux, je suis bien plus gracieux et léger, plus vif et bondissant.
Le chevreuil et le centaure se turent, une autre visite commençait.

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