C’est comme une coquille vide que ce corps qui n’en finit plus de vouloir continuer malgré tout ; c’est comme un cheval fier, un cheval fou qu’on mène à l’abattoir.
Il le sent bien sûr, mais son sang, déjà froid par endroit,
S’acharne à vouloir encore et encore faire le tour de sa pauvre carcasse.
Il la voit ; la regarde ; l’imagine avec lassitude.
Il n’a plus d’appétit. Tout est parti. Tout est fini.
Et pourtant il va, il vient, en vain, triste bourrin privé de son destin.

Mais quelquefois, au petit matin, il se souvient et reprend foi.
Et c’est un défilé désordonné d’images passées et de pensées à peine larvées
Qui l’envahit et lui remplit l’esprit jusqu’à la nausée.
Oui, jusqu’à la nausée car il sait que ces réminiscences
D’une existence lointaine ne pourront que lui porter peine.
Mais dans ces moments où son cœur s’emballe, ces courts instants où son cerveau reluit,
Il ne peut s’empêcher de croire encore, se défendre d’espérer…

Bien sûr Elle l’a trahi ; bien sûr Elle a menti ; mais il se dit qu’Elle peut mentir encore ;
Que pour passer ainsi de l’amour à la mort il faut avoir perdu son port et s’être livrée tout entière au sort…
Elle reviendra. On ne peut à ce point être et tout et son contraire ; il en est certain.
De nouveau Elle l’aimera. On ne peut vivre vraiment qu’en aimant ;
Elle manquera d’amour ; la tyrannie n’est pas amour mais l’amour est tyrannique.
Elle saura donc le retrouver ; Elle saura donc se retrouver ; il est en sûr…
“Ce n’est qu’affaire de temps” se dit-il dans ces moments d’espoir qui durent parfois jusqu’au soir.
Et la nuit justement, finit toujours par monter ; comme le poète, il le sait.

Mais avec Elle, c’est dans l’obscurité que les rêves sont tombés.
Bien sûr il l’a trahie ; bien sûr il a menti ; mais il se dit qu’il peut mentir encore ;
Que pour passer ainsi de la mort à l’amour il faut avoir bien cherché son port ; il faut pouvoir refuser son sort…
Et cette recherche et ce refus, et cette quête et ce rejet, ne les a-t-il pas toujours voulus ?
Il pense alors qu’Elle a raison ; que c’est lui, le démon…

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