chapitre 30- Peur sur l’édile
Dès le lendemain de l’émission, le maire convoque la presse locale devant les grilles ouvertes de l’epadh des Mimosas.
En faisant fi de son avis quant à la place grandissante de l’epadh sur la commune, les producteurs de M6 ont touché la corde sensible de l’édile, extrêmement vexé.
Il vocifère devant le parc, accompagné d’une équipe municipale dans ses petits souliers, puisqu’elle- même devenue coutumière des activités du lieu.
La petite ville de banlieue parisienne rayonne, et les nouvelles aspirations des habitants mettent en-effet le maire dans une position très inconfortable. Il voit les élections municipales approcher. Son mandat est en jeu. Les « excités de l’epadh » comme il aime à les nommer, ne l’ont pas épargné.Toute la ville est à présent tournée vers ce nouveau pôle d’attractivité .
La fête foraine, habituellement située sur la place de l’église, a fait sa demande d’installation à quelques encablures du parc pour permettre à tous de profiter des plaisirs partagés.
Certains administrés réclament même de nouvelles lignes de bus pour atteindre le parc des Mimosas et ses activités.
L’eldorado des anciens prospère et ce n’est pas de son fait. Bien au contraire, depuis le début, il freine des deux pieds en multipliant les arrêtés et les poses de plots de béton pour empêcher toutes extensions sous prétexte de tapage ou de risque d’émeutes.
Le fait que cette Sybille Panier, commissaire de police du quinzième arrondissement de la capitale, soit la fille de la meneuse d’une « horde de réacs aux cheveux blancs » complique également les choses. Monsieur le maire ne peut plus compter sur sa police municipale pour le soutenir les yeux fermés, solidarité oblige… Pour tout dire, il évoque même l’idée de faire appel à quelques mercenaires pour rétablir l’ordre si besoin.
L’émission de la veille n’a fait qu’attiser le feu de la révolution, car en réalité, les semaines passées ont suffit à lui donner un coup de vieux. A ce rythme là, le pauvre homme finirait sans doute par demander lui aussi une place à la résidence des Mimosas…enfin s’il reste de la place!
Les flashs de la presse locale crépitent, tandis que les administrés opinent mollement à chaque invective maladroite de l’élu:
– Sans frontières fixes et bien gardées, la société court au chaos!
Nos anciens ont besoin de calme et de soins. Ils méritent un écrin de verdure à l’abri de l’agitation urbaine!
Refermons les grilles de l’epadh et les moutons seront bien gardés !
Et d’ailleurs, tous ces moutons en liberté dans le parc… est-ce bien raisonnable ?
Sous les fenêtres de la résidence , pendant qu’au loin l’édile gesticule sous les caméras, l’âne de la crèche mange tranquillement en piétinant le foin des lapins.
Depuis sa chambre, Eugène regarde la scène.
– Je crois ma chère Violette que si cet âne pouvait parler, il dirait:
« Hi han – voilà à quoi se résume la politique des humains- du mauvais son et beaucoup de foin pour rien! »
Puis ils sortent tous les deux main dans la main, le sourire fiché sur les lèvres…
Précédemment dans « la fleur de l’âge »😉: https://algomuse.fr/la-fleur-de-lage-chap1-ma-pie/
C’est amusant de voir les mêmes contraintes insérées dans deux feuilletons si différents. Je rêve de voir plus d’Algomusiens se lancer à publier à base de défis identiques.
En tout cas la révolution des Mimosas me fait penser à l’ouverture non maitrisée d’une bouteille de champagne et dont l’effervescence joyeuse se répand allègrement.
Merci Angelune, c’est une belle image, et c’est vrai que c’est un peu cela😊