Sawullo le poisson-pilote
Vous ferez ce que vous voudrez, selon votre ressenti, de cette phrase la plus longue possible car Marcel Proust, qui lui-même excellait dans les phrases interminables et dont nous allons nous inspirer aujourd’hui, a dit ‘’chaque lecteur est, quand il lit, le propre lecteur de soi-même’’, et bien, vous serez un de ceux-là, à prendre comme un exercice respiratoire ou bien comme un prologue pour entrer en transe, pour cette histoire mettant en scène un poisson-pilote, grand ordonnateur des somptueux ballets des mers et des océans, ceux-là même qui nous enchantent et bercent nos nuits d’insomnie, quand, au lieu de compter les moutons, nous nous prenons à rêver, ondulant au milieu de ces bancs de poissons qui dansent, emportés par les vagues et guidés par Sawullo, mot en langage poisson qui signifie ”salut l’eau”, le poisson-pilote à la réputation qui n’est plus à démontrer et dont les mises en scène originales, tout à fait révolutionnaires, je dirais même avant-gardistes, font se produire mille espèces qui interviennent, selon leur spécialité, en ondulations pour les anguilles de mer, en lancers et vrilles de bras pour les pieuvres, en entrechats élégants pour les seiches qui, dans un élan créatif et tourbillonnant mêlent leur encre avec les eaux, en pas de deux transversal pour les crabes, en féeries pour les étoles de mer, en entracte avec l’intervention des poissons clowns et leurs pitreries, en simple figuration pour le monde des coquillages, élément statique de la chorégraphie, mais éléments indispensable pour l’esthétique de la scène qui se passe au milieu d’une barrière de corail où se pavanent les algues dans les eaux turquoise des mers du Sud où peut-être, un jour, vous envisagerez d’y passer vos prochaines vacances, à moins que les liaisons aériennes ne soient interrompues, ce qui serait bien dommage pour le tourisme, mais indispensable pour la planète en lui préservant toutes ces merveilles que nous ne devons en aucun cas voir disparaître car il est encore temps de réagir et chacun peut œuvrer pour cette cause en se privant de voyages pollueurs et simplement rêver, imaginer, créer un monde féerique, non perturbateur, où la mer vous emporterait en songes, apaiserait vos angoisses, vos doutes, et vous permettrait de mieux vivre un quotidien oppressant, ponctué d’informations qui vous entraînent lentement mais irrémédiablement dans le monde de la paranoïa si vous n’y prenez pas garde, tandis que le poisson clown ne pourra plus vous redonner un sourire car il aura disparu de la planète malgré le soutien sans borne de Sawullo, notre héro chorégraphe qui continue, malgré un funeste avenir, ses créations poétiques pour conjurer la malédiction causée par les méfaits d’une race irresponsable qui court à sa propre perte …
non satisfaite de ces 426 mots, je poursuis :
… à force de gaspiller les ressources naturelles, de consommer sans compter des produits inutiles, dégrader son environnement en bétonnant le moindre mètre carré, d’abattre des forêts entières, au lieu de laisser la terre nourricière nous offrir ses richesses qu’elle avait la responsabilité, et même le devoir, de transmettre à ses enfants, eux-mêmes, impatients de prendre part au devenir de leur cadre de vie et de pouvoir, à leur tour, offrir à leurs propres enfants une planète saine, où toutes les espèces retrouveront leur place puisqu’ils auront appris des erreurs de leurs aînés et pourront ainsi innover dans tous les domaines pour que l’air devienne un bienfait et non une source de terribles maladies qui affectent, en priorité, les tous jeunes enfants, mais, voyez vous, je m’égare et deviens pessimiste alors que Sawullo, l’artiste, a besoin de tout notre soutien, attend de notre espèce un sursaut de sagesse, pour faire perdurer son œuvre magique, ainsi, tous les enfants pourront continuer à mettre un coquillage au creux de leur oreille pour écouter la mer et imaginer un monde merveilleux qu’ils auront la volonté de protéger en possédant la sagesse dont les générations précédentes étaient dépourvues, car elles avaient vécu égoïstement malgré toutes les alertes lancées depuis des décennies par d’éminents scientifiques qui n’avaient pas été pris au sérieux et que l’on écoute maintenant, alors qu’il est peut-être déjà trop tard et que l’irréversible est redoutablement enclenché, quand on peut observer toutes ces catastrophes climatiques qui se multiplient et s’intensifient sans provoquer notre effarement puisque nous commençons à nous habituer dangereusement à ces évènements qui ne font plus la une de nos journaux …
426 + 271 mots = 697
J’ai envie d’aller encore plus loin :
… qui, de toutes façons, se lamentent de perdre sans cesse des abonnés ou de simples lecteurs occasionnels, tant la télévision et Internet ont pris le pas sur ce support papier, aux multiples utilisations après la lecture de toute la famille car il pouvait finir pour emballer les légumes ou dans la création de petits sujets faits en papier mâché ou bien encore en petits carrés soigneusement découpés, pendus dans la cabane au fond du jardin, lieu d’aisances, bucolique et sommaire que nous devions atteindre par tous les temps, et même en pleine nuit, avec une envie pressante mais la peur au ventre et l’obsession de regagner au plus vite notre lit douillet et de poursuivre un rêve interrompu où l’on nageait telle une ondine dans ces fonds sous-marins somptueux en compagnie de Sawulo, grand maître de cérémonie de ces lieux.
426 + 271 mots = 697 + 139 = 836 mots
Chapeau, Mélanie! Et quelle imagination! Voilà bien le genre d’exercice auquel je suis incapable de me soumettre!
De plus, le visuel est magnifique et attractif.
S’endormir? Impossible, nous prenons la vague et entrons dans la danse avec Sawullo, le suivons jusqu’au point final.
Je suis ravie de découvrir un premier algoproust et peut-être bientôt je m’y frotterai aussi.
Merci pour cet agréable voyage au grès de la vague et bravo pour l’excellence de l’exercice. 😀
Quelle Prouesse et magnifique rythme pour ce nouveau défi Félicitations !