Tout d’abord, je ne vis que le ciel. Un ciel blanc, sans soleil ni pluie. Puis vint le bruit apaisant et répétitif des vagues. Je restai là un moment, l’esprit au repos, plongeant délicatement mes doigts dans le sable. Mais des questions ne tardèrent pas à apparaître en moi : où suis-je ? Fut la première. Bientôt suivie de : comment suis-je arrivée là ? Je sentais que ces questions auraient dû me perturber, mais je restais étonnamment calme. La dernière, cependant, me fit froncer les sourcils : qui suis-je ? 

Je me redressai enfin et observai les alentours. Je me trouvais sur une plage. Devant moi, la mer caressait le sable. Tout comme le ciel, elle paraissait froide et hostile. Je ne pouvais pas la quitter des yeux mais sa simple vue provoquait en moi un malaise que je ne pouvais expliquer. En la voyant s’étirer ainsi à l’infini, je sentis mon cœur se comprimer dans ma poitrine et ses battements résonnèrent plus fort en moi. J’essayai de comprendre ma peur mais tout ce que je ressentais était le désir irrationnel de courir et de plonger dans cette eau malfaisante. De nager jusqu’à en avoir mal et de la laisser me noyer doucement. Ma respiration s’accéléra et des visions apparurent sous mes yeux. Des visions me montrant l’obscurité qui m’engloutissait silencieusement, me refusant même le droit de pousser un dernier cri. 

– Salut. 

Je sursautai et tournai la tête vivement. Une fois que mes yeux eurent quitté la mer, mon corps s’apaisa et j’oubliai instantanément la vision d’horreur que je venais d’avoir. Mais la mer ne disparaissait jamais complètement de mon champ de vision, faisant subsister en moi un malaise permanent. 

J’essayai, en vain, de mettre ce sentiment de côté et de reporter mon attention sur la personne qui était apparu près de moi. Alors que je pouvais la voir distinctement, elle, son corps, son visage, je n’aurai su la décrire, comme si elle était une simple silhouette sans genre, particularité physique ou tout autre trait distinctif. Elle rayonnait d’une aura bleue qui la rendait apaisante. 

– Je m’appelle Fred. Et toi ? 

– Eli, répondis-je spontanément. 

Je fronçai les sourcils. Alors que je n’avais plus aucun souvenir quelques minutes auparavant, la réponse m’était venue instinctivement. Fred s’aperçut de mon désarroi et sourit. 

– Ne t’en fais pas, c’est normal. Prend le temps qu’il te faut. Quand tu seras prêt, viens nous voir, et on répondra à tes questions. 

J’acquiesçai machinalement mais, lorsqu’elle s’éloigna, je ne sus pas vraiment à quoi je devais me préparer, ni comment. Je me levai donc, en tachant d’ignorer du mieux possible la mer balayant le sable, et suivit Fred.

Partie 2 : La mer – Partie 2 @Sewen

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