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Les voix du vin sont impénétrables – Partie 2

Louis le bedeau, son précieux butin bien en main, courut vers son curé pour le mettre au parfum. Son initiative fut approuvée sans retenue et le breuvage fut testé dans la bonne humeur. Une douce euphorie plana dans le presbytère. Les deux compères ne virent dans cette « étourderie » qu’une bonne action pour une cause qu’ils jugèrent derechef essentielle : que tous retrouvent le chemin de la sagesse…
– Bravo Louis, nos messes vont faire parler d’elles… Prépare l’église, je veux les vases remplis de fleurs.
Le dimanche qui suivit, Louis agita la corde avec frénésie et la petite cloche au ton aigrelet tinta si fort qu’elle se prit pour une grande et fit trembler les vieilles pierres qui avaient oublié depuis longtemps une telle allégresse.
Les villageois se mirent en place et burent les propos de leur orateur de curé. Quand ce dernier distribua le nectar divin, les papilles frémirent et les regards s’illuminèrent. Aucun ne regretta d’avoir abandonné ses occupations païennes pour s’abreuver de la bon parole… A la sortie, sur le parvis, on s’extasia. Quel bon curé que ce curé là ! Comme il est bon de venir se recueillir ! Etc… etc…
Et de dimanche en dimanche, la petite église fit le plein. L’évêché eut vent de cet exploit sans vraiment s’informer de la cause de cette affluence dont il se réjouissait.
Louis continuait, sans le moindre état d’âme, de vider la cuve, et le curé de peaufiner ses sermons.
Tout aurait pu continuer…

A suivre

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