Les voix du vin sont impénétrables – partie 1

L’affaire du curé de Le Tannos, fit le bonheur des pisseurs de copie de la gazette régionale.
Filou comme un diable, épicurien devant tous les saints, le curé se désespérait de ne pas avoir grand public pour son sermon du dimanche. Il prit l’initiative, sans en informer sa hiérarchie, d’améliorer la communion, je dirais même la compléter chaque dimanche par un petit verre de vin. – N’est-ce pas là respecter l’histoire ? – se dit-il. Il diffusa la nouvelle dans le petit journal paroissial.
Quelques ouailles égarées, frileuses d’ordinaire, ayant oublié depuis longtemps leur catéchisme, découvrirent que la bonne parole pouvait procurer des avantages non négligeables.
Cependant, le curé de Le Tannos trouvait que sa petite affaire n’allait pas assez vite. Le vin de messe, assez ordinaire, ne donnait pas le résultat qu’il avait escompté. L’église ne se remplissait qu’à moitié et les envolées des sermons se perdaient dans les travées désertes.
Le bedeau, qui ne boudait pas la bouteille, travaillait dans une cave fort réputée pour ses rosés de Provence. Il aurait tellement voulu rendre son curé heureux ! Un jour, devant les énormes cuves, une voix céleste lui susurra – l’eau fut changée en vin, le petit vin de messe peut donc se changer en grand cru ! –
Il prit alors le bidon de la paroisse, se signa pour se faire pardonner, et le remplit de ce vin millésimé, une pure merveille que son patron lui servait à l’occasion.

A suivre

 

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