Les voix du vin sont impénétrables – partie 4

Tandis que dans la sacristie curé et bedeau conversent bruyamment, leurs esprits errant dans les brumes de la tentation, la précieuse carafe se dédouane de toute responsabilité quant à ce désordre, argumentant qu’elle n’est là que pour magnifier les meilleurs crus comme elle a toujours su le faire avec talent du temps de son heureuse vie bourgeoise. L’excellent texte d’@angelune en témoigne (une voie de garage ou comment tomber en carafe).
Les dévotes du premier rang n’osent pas bouger de leur siège. L’église est un peu leur deuxième maison et ce désordre vient les perturber.
S’occuper de leur curé c’est un peu comme si elles frôlaient l’aile des anges. D’un age respectable, elles se préparent pieusement pour leur grand voyage et les services rendus à la paroisse représentent un contrat à durée indéterminé jusqu’à leur dernier souffle. Chorale, broderies, ménage, catéchèse, occupent tout leur temps et l’Office est une apothéose hebdomadaire, un remerciement à leur dévouement, une assurance tous risques les protégeant de tout égarement risquant de provoquer les foudres célestes. Une messe amputée leur laisse un goût amer. Mais la colère n’est pas de circonstance à l’abri des voûtes séculaires.
Les bigotes se lèvent, silencieuses, mais n’en pensent pas moins. Cheveux rajustés sous chapeaux, têtes inclinées, elles sortent, en file indienne, à petits pas feutrés.
Quel dimanche ! Mon Dieu ! Quel dimanche ! Marmonnent-elles en se quittant.

A suivre

 

texte d’angelune : cliquer ici

partie 1

partie 2

partie 3

 

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