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Les voix du vin sont impénétrables – partie 3
La météo porte une lourde responsabilité dans la suite de l’histoire.
Il y eut tout d’abord ce fameux dimanche dont l’affaire anima les veillées. Bedeau et curé avaient l’habitude de faire le point dans la sacristie avant l’arrivée des fidèles. Le curé donnait ses derniers conseils en revêtant son aube tandis que Jean remplissait les burettes. Une chaleur étouffante sévissait depuis plusieurs jours et séchait le gosiers… Tous deux succombèrent sans compter à la tentation de ce précieux liquide dont la robe veloutée caressait les papilles. Mais il fallait assurer.
Le curé fit une entrée un peu vacillante que certaines paroissiennes indulgentes mirent sur le compte de son age avancé.
Il expédia les textes bibliques en envolées lyriques empruntées aux grandes tragédies classiques, assorties de grands gestes théâtraux. Il lui fallut ensuite rejoindre la chaire, lentement, à petits pas comptés, son bras, bénissant les fidèles, levé en guise de balancier lui permettant de garder un équilibre précaire. Craquement des marches, toussotements dans l’assistance, froissements des feuillets, chuchotements réprobateurs, statues figées dans l’attente.
– Mes très chers frères… et le sermon démarre avec emphase ponctué d’interminables silences. Puis tout se mélange. Les mots s’emmêlent. La voix devient pâteuse, presque inaudible. Le curé quitte la chaire, prend l’allée centrale et disparaît dans la sacristie, sous le regard médusé des fidèles, rejoindre le bedeau béatement assoupi. La communion n’aura pas lieu…
Les hommes, déçus, rejoignirent le café de la place qu’ils avaient un peu négligé le dimanche matin. Ils durent se contenter de ce petit vin de pays servi par la patronne gouailleuse. L’incident alimenta de vives conversations et le ton monta au fil des tournées.
– dis-donc, il est pas passé par les mains divines ton jaja
– elle serait pas un peu baptisée ta bibine ? Oh ! Te fâche pas, je blague… allez, remet-nous ça, la belle, c’est ma tournée !
A suivre
Je propose de faire une analyse physico-chimique du nectar, l’effet d’un (ou deux) p’tit verre me parait très louche ! 😂
L’histoire, à ce stade, ne précise pas différents éléments déterminants pour le calcul du taux d’ébriété des deux bons vivants tels que : la contenance des gobelets, le nombre de gobelets ingurgités, le degré du breuvage, le temps passé à la sacristie, la résistance de chacun (selon poids, age, état de santé, etc.).
Face à la complexité arithmétique que demandait une telle étude, l’auteure a préféré penser : ils étaient bourrés. Simple. Efficace.
Chère Angelune, je retiens votre proposition et attends, avec une certaine impatience, votre analyse avec les différents facteurs susnommés.
Un défi issu du défi ? j’adore. Je taille ma plume pour y répondre !
Le dédoublement du bedeau, tantôt Jean (épisode 3) tantôt Louis (épisode 2) est-il un effet du nectar en question ? Que le curé voit double ne serait pas étonnant !