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À une époque lointaine, qui se perd dans la nuit des temps, un prêtre d’un dieu oublié, attendait dans un froid cachot le jour de son exécution. Les hiérophantes, autrement dit les sacrificateurs, vénéraient la Lune sous le nom de Soma, et prétendaient que toute forme objective venait d’elle. D’après eux, Saturne qu’ils appelaient Varuna était le responsable de la destruction continue de toutes les choses créées. Beaucoup plus tard, dans l’ère des poissons, les Grecques lui ont donné le nom de Chronos, le Temps que tout détruit. Mais, au-delà de ces deux divinités vénérées, il y avait le dieu secret, origine de tout, dont sa connaissance était réservée aux hauts initiés. Le nom du dieu, bien prononcé, donnerait des pouvoirs illimités, permettrait de tout savoir dans un seul instant, de connaître l’histoire du monde assez bien que son avenir.

La tradition millénaire disait qu’au moment où les hommes avaient reçu le feu des mains de Prométhée, ils avaient reçu aussi le vrai nom du dieu. Avec le feu s’est allumé l’intelligence, mais aussi la passion et les désirs qui ont mis l’intelligence à leur service. C’était le temps des Gémeaux où on vénérait la vigne et le vin comme symbole de tout excès. Au temps où l’humanité se rendait aux plaisirs les plus sensuels, le vrai nom du dieu fut oublié. Après le déluge, ceux qui ont survécu ont essayé de rétablir le culte du vrai dieu, mais c’était déjà trop tard, les clés pour comprendre les grands mystères étaient perdues à jamais. Le nom du dieu avait disparu, il était devenu le dieu innommable.

Maintenant, le prêtre était seul dans son cachot. Sa ville avait été prise par l’armée d’un autre dieu, un dieu unique qui ne tolérait que son existence divine. Ce dieu qui avait beaucoup de noms, avait ordonné à ses acolytes de chasser et supprimer toute autre religion.

Le prêtre était seul dans son cachot, mais il savait qu’être seul c’est être avec soi-même. Il ignorait combien de jours lui restaient, toutefois il savait que le temps n’est qu’une illusion : toute l’éternité est contenue dans chaque instant. Il décida de profiter de ce temps pour retrouver le nom du dieu sans nom. Mais, comment ? Il n’avait plus accès aux livres sacrées ! Peu importe —pensa-t-il— j’ai consacré toute ma vie à leur étude sans jamais arriver à déchiffrer le nom sacré ! Il savait que le dieu innommable était omniprésent, qu’il était dans les étoiles aussi bien que dans la poussière, qu’il était à l’intérieur des hommes, dans leurs âmes immortelles, aussi bien qu’ailleurs.

Il commença à marcher vers son intérieur avec une détermination unique : il perdit, petit à petit, toute notion du contexte extérieur, il éteignit ses cinq sens et tout d’un coup il se trouva seul, éloigné de tout et en même temps, présent en tout. Il ne pouvait plus reconnaître la différence entre lui et les autres, il n’y avait plus un monde intérieur et un monde extérieur. Il n’y avait que l’Un, le dieu sans nom. Ils n’étaient qu’Un.

Il avait compris finalement le secret du nom de dieu, secret qui donnait le pouvoir illimité. Mais, l’homme ayant ce genre de pouvoir n’avait pas à quoi l’utiliser, car il était le tout, il n’y avait rien dehors de lui. Il était le dieu. Soudainement il a senti le tranchant de la hache coupant son cou.

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