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Je suis à valve et sans lacet, et mon histoire laisse à penser que j’ai le coeur bien accroché.La toute première fois, je sortais frais émoulu de l’usine avec cette odeur caractéristique et volatile du neuf. Tout est allé si vite, si vous saviez. A peine quelques dribbles plutôt bien maîtrisés pour appâter les paires de pieds, que me voilà, lancé sans une explication sur  le terrain, en pâture.  Quelle aventure! 

Deux armées de chaussures cramponnées toutes plus colorées les unes que les autres se sont mises à batailler pour posséder ma rondeur. Je bringuebalais entre chacune, sans comprendre ce qu’elles me voulaient. 

Parfois , on se dit qu’il y a un sens à tout cela. Qu’une vie ne devrait pas se résumer aux coups et aux éclats de voix.

Croyez-moi, à ce moment là, de sens, il n’y avait pas. Ils étaient plus de quarante à vouloir me frapper, dans une direction comme dans l’autre.

J’ai fait des pointes de vitesse que je ne me serais pas cru capable de faire… Puis stoppé net dans un filet , sous le regard courroucé d’un seul humain qui d’un côté comme de l’autre toujours jurait comme si le monde s’arrêtait là !

J’ai compris qui j’étais à la fin du combat, quand l’arbitre m’a pris et porté dans ses bras. 

J’étais le jouet d’enfants qui ne grandissaient pas, le hochet disputé que l’autre n’aurait pas. 

J’ai aimé cette ambiance, c’était galvanisant.

Je suis un ballon du dimanche, et les pieds qui me frappent, deux armées de gamins. 

Sur le terrain, ils n’ont pas d’âge, et à leur jeu, je ne comprends rien.

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