Départ

Ils s’en vont sur le front et sont déjà des ombres
Qui rasent les vieux murs suintant d’eau et de larmes.
Dans le lointain, déjà, les engins de mort grondent
Et font jaillir au ciel des cendres et des flammes.

Les femmes, résignées, les suivent du regard,
Et les gouttes de pluie se mêlent dans leurs pleurs
Qui coulent, silencieux, pour taire le malheur
Qu’elles hurleront, demain, dans un mois, ou plus tard…

Couleurs et eaux mêlées se noient dans le bitume.
En rougeoiements violents le monde se consume.
Dans ce ruissellement intense qui perdure,
Les robes détrempés soulignent leurs courbures.

Ils avaient demandé qu’elles s’habillent en bleu
Pour garder de ce jour un souvenir heureux.
Le soleil, par pudeur, n’a pas semé son or,
La pluie mélancolique a servi de décor.

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