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« J’ai le grand plaisir de vous annoncer que mon bilan carbone est très bon grâce à mon grand âge, hé oui bientôt trente ans, en fait plus je vieillis meilleur il est et ceci en dépit de ma composition 100% artificielle, alors gardez-moi encore un peu vous ne le regretterez pas » C’est ça que j’aurais voulu lui dire si j’avais su parler quand j’ai vu sa mine un peu déçue au moment où elle m’a sorti du sac dans lequel j’avais été relégué quelques mois auparavant. C’était le 15 décembre et elle avait décidé que c’était le bon jour pour décorer la maison en prévision de Noël.

– Chéri viens voir, qu’est-ce que tu en penses, il est maigrichon non ?

J’avoue que sans mon habit de fête, tout juste sorti du sac, à peine réveillé de mon long sommeil et encore un peu fripé je ne payais pas de mine : un air de chat mouillé peut-être, squelettique et vaguement poilu.

– C’est affreux, voilà bien un héritage des parents qui aurait mérité sa retraite, on l’a assez vu !

Sur cette condamnation sans concession, monsieur retourna à son ordi, abandonnant madame à sa réflexion. C’est là qu’il est arrivé et m’a sauvé la mise.

– Génial maman, laisse faire le grand décorateur Filou, je m’occupe de lui faire une beauté !

Trop heureuse d’échapper à l’insoluble problème de mon remplacement par un vrai végétal qui allait prendre une place folle dans le salon, qu’on ne pourrait mettre près du radiateur ni de la cheminée, ni sur le trajet que tout le monde prend pour aller à la cuisine, qui commencerait à perdre ses aiguilles juste pour Noël, auquel le chat se frotterait pour accélérer la chute en question, bref…

– Ok, tout ce qu’il te faut est dans la petite malle verte, merci je file faire des courses.
Filou, c’est ma marraine fée, son imagination et son enthousiasme lui tiennent lieu de baguette magique. Je me suis laissé faire, pliant mes branches selon son bon vouloir, tournant et retournant sans fin sur mon pied jusqu’à en perdre le pôle nord. Guirlandes pailletées semblables à des boas de plumes dorées, boules scintillantes aux reflets cuivrés, quelques anges, un père noël à vélo (!) et une demi-douzaine de flocons de neige géants plus tard, je me mirai dans ses yeux éblouis. Comme Cendrillon, de pauvre chose abandonnée et inintéressante j’étais devenu l’objet incontournable du moment. Je frétillais d’aise sous la caresse de ses doigts quand il paracheva son œuvre d’une étoile savamment déposée à mon faîte. C’est là que monsieur est repassé dans le salon chercher son journal, avait-il ses lunettes ?
– Ah voilà qui est bien mieux, ta mère a eu raison d’en acheter un nouveau, y a pas photo !

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