Des lézardes entament les murs des maisons
Dégradés, maculés des fientes des pigeons.
L’humidité finit en larges moisissures,
Auréoles verdâtres, piètres fioritures.
A la fenêtre pendent les bleus de travail,
Dans les cours exiguës joue toute une marmaille
Laissée à l’abandon car ils n’ont pas le temps
Ces parents occupés à gagner leur argent.
Les lourds rideaux de fer ont perdu leur couleur,
Dans tous les coins des rues flotte la puanteur
De poubelles laissées, éventrées par les chats
Qui rôdent dans la nuit et vont chasser les rats.
On met de la couleur sur quelques devantures
Pour leur donner un peu une meilleure allure
La ville défoncée mais, de belle manière,
S’illumine le soir, tente en vain de nous plaire.
Elle a des airs de vieille poudrée et fardée
Qui cache les désastres des sombres années.
Elle est à l’agonie, meurtrie, abandonnée,
Elle pleure en silence et ne veut plus lutter.
Dix coeurs multicolores pour lui faire battre à nouveau son coeur afin de résister encore et encore. Ne laissons pas nos villes s’endormir.
Vous savez l’art de dépeindre l’atmosphère et la vie d’un lieu en peu de mots bien choisis ; odeurs, couleurs, la plongée dans le réel de cette “vieille poudrée et fardée” est parfait, et tout cela en vers, chapeau !
Magnifique, très atmosphérique et tragique. Et puis j’admire votre talent pour manier les rimes, c’est un art qui m’échappe totalement. J’ai tenté, pourtant, parfois, mais le résultat était affligeant!