Ce texte (sous-titré “Les mondes parallèles”) se propose de donner une suite à celui d’ @angelune → “En gare” Une sorte “d’écriture à quatre mains” plutôt qu’un cadavre exquis. (J’espère qu’elle ne m’en voudra pas de cette audace !). Il commence donc en continuant le dialogue en cours… (C’est Marc qui parle…). Ah, oui, je laisse à Angelune le privilège de nommer la narratrice 😉
Je m’interroge quand même, car elle s’approche de plus en plus du bord du quai. J’ai constaté aussi qu’elle n’attend plus le “75006” de 16h50. Cette femme est un mystère. Figure-toi qu’en huit ans, je n’ai jamais vu ses yeux !
— Quelqu’un doit bien la connaître au village, non ?
— Le maire m’en a parlé, du bout des lèvres. Tu connais Jean, il faut lui tirer les vers du nez…
— Que t’a-t-il dit ?
— Oh, je ne sais plus. Des fadaises…
— Marc ! Allez…
— Elle aurait affaire au château…
— La baronne ?
— Non, la baronne est beaucoup plus âgée, et je la vois mal se mêler à nous sur un quai de gare. Non, c’est plutôt du côté du soldat qu’il te faudra chercher. À en croire Jean, il n’était pas seulement militaire, mais ethnologue aussi. Je ne sais pas trop ce que c’est que ces gens-là ; je crois qu’ils s’occupent de politique…
— Pas tout à fait, mais on peut dire ça aussi…
— C’est vrai qu’avec tous tes diplômes…
— Oh, c’est bon ! mon ami…, lui rétorquai-je avec agacement.
— Oui, pardon, je dérape, tu n’es pas comme les autres, toi. Tu n’as pas oublié nos jeunes années, nos velléités, nos combats.
Marc eut alors ce rictus un peu déplaisant qui lui pinçait parfois la bouche sans qu’on put dire s’il souriait ou grimaçait. Sentant qu’il voulait échapper à cette conversation, je tentai, dans une dernière salve, mais sans succès, d’en savoir davantage sur le héros disparu.
Car forcément, c’était un héros ! Si mes calculs étaient bons, l’énigme prenait source juste deux ans avant la fin de la guerre d’Algérie. Car c’était bien l’Algérie, ce pays d’Afrique qui l’avait englouti ! Où pouvait-on envoyer la troupe il y a dix ans, sinon là-bas ?
Je le sentais… et j’en frissonnais d’impatience : “l’Inconnue du 16h50” et son amour malheureux, pourraient être ce point de départ qui m’avait tant manqué pour commencer ma nouvelle. N’avais-je pas là, sous la main, les précieux ingrédients qui témoigneraient d’eux-mêmes de la suspension du temps, ici, au Tannos, quand il s’emballait, partout ailleurs ?
Ne tenais-je pas déjà ces moyens évidents de montrer, qu’au delà des distances, ce sont bien nos croyances et nos appartenances qui le plus, nous séparent, nous éloignent… nous condamnent ?
J’étais résolu : ce fantôme drapé d’élégance passée, cette icône de constance et d’espoir, de triste absence au réel, je devais… la réveiller ! la faire parler ! lui rendre… et son amour, et sa vie ! Car enfin, n’est-ce pas là qu’est le métier d’écrivain ?!
Et pour commencer, c’est Jean qu’il fallait solliciter. Onze heures vingt, je me dirigeai vers la Communale…
Envie de participer !… Je publie la suite ici, mais est-ce bien ici ?…
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Et pour commencer, c’est Jean qu’il fallait solliciter. Onze heures vingt, je me dirigeai vers la Communale…
— Deux fois en deux jours, tu fais fort !…
Jean se renfrogne. Il sait que l’auteure du pamphlet sur la décision du conseil de fermer la salle des fêtes est une tête brûlée et qu’elle ne lâchera pas l’affaire d’un trait de plume. D’ailleurs, et de surcroît, il ignore toujours le nom de cette emmerdeuse et cherche tout subterfuge pour lui couper le sifflet.
«Mais que veut-elle bien dénicher. Depuis quand cette écrivaine s’intéresse-t-elle à l’ethnologie ?… Je la voyais plutôt portant un regard systématiquement critique sur le fonctionnement des Institutions, … »
— Décidément Jean, on ne peut rien te demander. Pourtant dis-toi bien que je reviendrai te voir. Si tu t’enferres dans ton mutisme, je demanderai officiellement l’accès aux archives.
— Ok, ok. Envoie-moi un courrier recommandé où tu déclineras ton état civil et coordonnées ainsi que la finalité de ta requête explicitée de façon très précise !
Euh… Non. Ce n’était pas l’idée. L’idée était, comme je l’ai écrit dans la présentation de mon texte : “davantage une écriture à quatre mains qu’un cadavre exquis“. Autrement dit, plutôt l’écriture à deux d’un texte (genre une petite nouvelle) dans un style “partagé”. (Là, pour le coup, le style que vous proposez me semble vraiment éloigné de celui des deux premiers textes… Et vous partez aussi dans “d’autres directions” qui ne sont ni présentes ni même suggérées, en abandonnant d’ailleurs toutes les ouvertures créées par ma “suite”…)
Tout faux, pas grave, j’ai eu le plaisir d’écrire !… Hâte de lire la suite.
Ok je relève le gant ! euh, plutôt le crayon. Je suis flattée que ces quelques lignes aient suscité l’envie d’y faire suite et de donner plus de vie et d’histoire aux personnages.
Je demande un peu de temps pour cogiter sur la suite, mais dès à présent arguant du “Subjugué par sa beauté” du 1er texte je demande à ce que le narrateur (et non -trice) soit “résolu” dans le 2ème 😉
Autant pour moi.J’avoue d’ailleurs que vous lire “au féminin” procédait plus d’un parti pris que d’une lecture attentive.
C’est donc d’une amitié virile dont il s’agit (entre le narrateur et Marc). Je vais relire et corriger mon texte en conséquence, le cas échéant…
Je suis heureux et vous remercie de relever “le défi”. (Je n’en ai jamais douté en réalité…)
Qu’en ferons-nous ? Prenons le temps…
Voilà, tout est en ordre.
— S’il te plaît, Marc ! Allez !
est devenu :
— Marc ! Allez…
— Oh, je t’en prie Marc, mon ami…
est devenu :
— Oh, c’est bon ! mon ami…, dis-je avec agacement.
et bien sûr,
“J’étais résolue ” devient “J’étais résolu”
Advienne que pourra ! (Merci de vous prêter au jeu !)