Il y a un mois, à l’issue de la fête de l’école, l’enfant tout heureux l’avait ramené chez lui. C’est vrai qu’il était plutôt mignon ce joli poisson rouge ! La joie du nouveau petit maître à la réception de son cadeau avait été exubérante et s’était traduite dans une course effrénée jusqu’à l’appartement, faisant ainsi vivre à l’habitant du sachet plastique une vraie tempête de déferlantes en circuit fermé. Puis un bocal légèrement ébréché exhumé du fond d’un placard était devenu son royaume. Sur un fond de petits cailloux subrepticement dérobés dans les allées de la résidence on avait déposé quelques belles billes aux reflets rouges et dorés et un chevalier en armure argentée autour duquel le petit poisson tournait sans relâche. L’attention constante que lui portait l’enfant aux grands yeux émerveillés avait fait son bonheur pendant un certain temps… puis la routine s’était installée et le royaume semblait de plus en plus petit, on en faisait si vite le tour !
L’été arrivé le nouvel hôte n’était plus le bienvenu. L’enfant essuya ses larmes et apprit l’oubli en étrennant un nouveau jeu de plage au moment même où le poisson prenait le chemin du parc en sortie de la ville. Sa plongée dans les eaux claires du petit lac lui fit l’effet d’une arrivée au paradis. Le monde était beau et vaste, habité de plantes et d’animaux inconnus qu’il était impatient de rencontrer, l’aventure devant lui avait un goût délicieux…
C’était aussi l’avis du martin-pêcheur.
Notre petit poisson rouge aura t-il le temps de regretter son étroit pot de verre quand le martin-pêcheur? Quelle trouvaille jubilatoire que cette fin!
J’ai eu une pensée pour la chanson de Bobby Lapointe!