Restons couverts

La communauté scientifique s’interrogeait sur la possibilité (ou non) de survie de l’homme quand il devra affronter des températures au-delà de 55 degrés, quand le professeur Calglioni, dans son laboratoire d’idées cultivées dans ses cornues, marmonna dans sa longue barbe grisonnante et échevelée : ‘j’ai trouvé !’, réflexion beaucoup plus sobre que ce ‘Eurêka’ vulgarisé depuis des années par les couches populaires dans notre société décadente et qui laisse à penser que cet homme serait doté d’une honorable modestie.
Il basa sa théorie, bien entendu, tout le monde l’aura deviné, sur l’évolution des espèces pour s’adapter à tout nouveau paramètre qui les mettrait en danger.
Adaptabilité, tel est le mot clé de sa recherche d’idée dont la portée internationale n’échappera à personne. Ce premier point étant établi, il réfléchit longuement, en laissant en suspens les autres idées foisonnant dans son laboratoire.
S’adapter demande une progression lente. Malheureusement, il n’y avait plus de temps à perdre pour agir. Il fallait donc que l’idée soit rapide à mettre en œuvre, peu coûteuse et accessible à tous.
Après avoir assisté à l’une de ses conférences (encore très confidentielles), convaincue par l’idée, je la mis en œuvre pour mon propre compte.
La canicule qui sévissait me fut d’un grand secours pour l’efficacité du résultat. Le premier jour, une petite heure allait suffire pour démarrer ce programme et obtenir un résultat tangible. J’enfilai mon pull-over le plus chaud et constatai que l’élévation de température de mon corps était, non seulement supportable, mais agréable. Au fil des jours, j’augmentai le temps de pose et superposai les couches laineuses, jusqu’à ce qu’une chaleur, excessive pour les non initiés, devienne indispensable à mon équilibre.
J’allais pouvoir affronter l’inéluctable dérèglement en tout confiance.
Les grands laboratoires pharmaceutique lancèrent une campagne de dénigrement à l’encontre du professeur Calglioni lorsqu’ils comprirent qu’ils n’avaient rien à gagner dans cette idée qu’ils jugèrent arriérée et saugrenue.
Ne vous y trompez pas, cet homme de sciences, docteur Es Idées est un génie.

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