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[Bon, c’est juste le début du texte que je prépare en réponse à ce défi AlgoSelf que j’ai moi-même lancé à la communauté. Je manque un peu de temps actuellement, mais le continuerai dès que possible… Faut dire aussi que je sais guère faire court et léger… 🙁 ]

 

« La froidure et l’hostilité matinale de la nuit qui n’en finit pas de finir lui giflaient le visage, comme chaque matin, depuis des lustres. Ces deux kilomètres qui séparaient l’usine de la cité avaient marqué sa vie en balisant une frontière entre deux mondes : le sien et celui des autres. Le sanctuaire, et la jungle.
C’était tout un équilibre qu’ils avaient si longtemps délimité ; une harmonie subtile entre une conscience avortée et un monde sans conscience. Une pause aussi, car seulement ce moment-là, cette quinzaine de minutes solitaires et précieuses que durait ce trajet, à la fois si courtes et si totalement infinies, ouvraient à mon client cette infime lueur d’espoir que distille la vie dans le noir néant des indigents de l’esprit.
— Cette indigence psychique, Madame et Messieurs les jurés, les experts nous l’ont montrée. Elle, n’est pas contestée, n’en déplaise à Monsieur l’avocat général. Suffirait-elle, cependant, à justifier ? Oh, certes non ! L’abomination de la tuerie – répétée six fois ! –, la désolation des familles, l’absurde cruauté du sort qui les a frappées, la viduité sans fin des jours, des mois, des années qui continuera inlassablement à endeuiller leur destin, rien, rien de tout cela n’est justifiable !
Mais c’est justiciable !
Et cette seule lettre, cette toute petite lettre qui fait la différence entre les deux vocables, cette initiale du mot… “civilisation”, qui se substitue à celle de “fatalité”, nous dit tout de nous : l’humanité de l’humanité tient à un souffle. Elle pèse le poids d’une plume, se joue à une poussière, se mesure à l’aune d’un microbe et le moindre grain de sable peut la tuer !
— “Justiciable”, sinon “justifiable”, Madame, Messieurs les jurés. Car c’est justice qu’il vous faut rendre ici. Les orphelins des victimes ne réclament pas vengeance, ils veulent justice ! Les veuves, étouffées de souffrance, vous demandent justice ! Les frères et les sœurs, les cousins, les voisins, les amis, tous !, tous vous commandent justice ! C’est lourde responsabilité qui vous incombe ici. Il vous faudra trancher : d’un côté, l’humanité ; de l’autre…: la société !

…» [à suivre donc…]

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